205 élèves / CM2, 3ème et 2nde, 1ère et terminale en option théâtre/ encadrés par une professeure documentaliste et référente culture, une professeure d’arts-plastiques et une professeure de français.
“Toujours en travaux depuis mes 27 ans d’absence”, c’est sur cette pointe d’humour que l’auteur et scénariste de romans graphistes, Romain Dutter, est revenu sur les lieux de son enfance, dans son ancien établissement, l’ensemble scolaire Sainte-Elisabeth à Paris 15e (75). Ce retour aux sources est un très bel hommage à l’enfant que Romain Dutter a été, car l’artiste y a passé toute sa scolarité, de l’école primaire à la terminale. Les souvenirs sont presque intacts malgré un établissement qui, avec le temps, a bien changé. L’artiste a pu redécouvrir les couloirs et les murs de son enfance, parfois complètement rénovés et parfois fidèles au passé.
L’artiste n’a pas perdu ses repères et a mené la visite d’un pas confiant, passant d’un espace à l’autre sans jamais se perdre. Après un repas à la cantine scolaire et un petit tour dans la cour de récréation, il était l’heure pour Romain Dutter de rencontrer près de 200 élèves, du CM2 à la terminale, pour une rencontre riche et humaine autour de son parcours, de ses œuvres et de son quotidien en tant qu’artiste, et ancien élève de cette institution.
C’est dans une atmosphère chaleureuse et animée que l’artiste a été accueilli par une salve de “bonjour” collectifs de la part des élèves. Avant de se présenter, Romain Dutter leur a proposé de le tutoyer, instaurant directement une ambiance décontractée et intimiste. Il a ensuite introduit la rencontre par une présentation de son parcours, de son métier ainsi que sur son passé au sein de l’établissement scolaire, soulignant qu’il avait, lui aussi, été sur les mêmes bancs d’école.
Donnant une place importante à l’échange et à l’interaction avec les élèves, il les a encouragés à participer, posant des questions stimulantes sur la différence entre scénariste et illustrateur, sur la spécificité d’un roman graphique, ou encore sur le processus de réalisation d’une œuvre. L’artiste a donc insisté sur sa fonction de scénariste, la distinguant de celle d’un illustrateur. C’est avec passion et de manière tout à fait pédagogique que l’auteur a expliqué au jeune public le rôle du scénariste afin de mettre tout le monde d’accord : le scénariste est la personne qui imagine et écrit les histoires, crée les personnages et imagine les situations à travers les mots et l’écriture, notamment de projets audiovisuels, mais aussi de romans, de bandes dessinées ou encore de romans graphiques.
Avant de parler plus spécifiquement de ses œuvres et toujours dans l’échange avec les élèves, Romain Dutter leur a demandé s’ils connaissaient la différence entre une bande dessinée et un roman graphique. Les mains se levèrent rapidement, les réponses étaient pertinentes et se complétaient. L’auteur leur a alors expliqué que l’important est de savoir que le roman graphique est une bande dessinée, mais que toute bande dessinée n’est pas un roman graphique. Le roman graphique désigne une bande dessinée longue et avec souvent plus de textes, contenant des personnages aux psychologies complexes, des visuels de bulles et de cases moins définis, il est généralement – mais pas toujours – destiné à un lectorat adulte.
Les élèves étaient alors curieux d’en savoir plus sur ses romans graphiques, qui étaient pour l’occasion exposés sur la scène de l’amphithéâtre qui accueillait la rencontre. À travers la présentation de ses œuvres, notamment « Symphonie Carcérale« , Romain Dutter a offert aux élèves un aperçu de son travail et de ses inspirations. Il a raconté avec émotion ses expériences dans les milieux carcéraux qui ont nourri son art, soulignant l’importance des petits rayons de soleil apportés par la musique dans les prisons, illustrés par la couleur orange dans l’ouvrage.
Poursuivant son récit sur ses sources d’inspiration et la source de ses œuvres, Romain Dutter a évoqué son deuxième roman graphique « Goodbye Ceausescu« , une œuvre qui retrace ses multiples voyages en Roumanie, ses rencontres avec les habitants partageant leur histoire et leurs visions du pays.
L’artiste en a alors profité pour décrire tout le processus de création d’un roman graphique, mettant en lumière l’importance de chaque élément visuel, du scénario aux couleurs en passant par les personnages, ainsi que les différents acteurs qui participent à sa construction, son impression et sa diffusion.
Puis, c’est les élèves, grands privilégiés, ont pu avoir un avant-goût de sa prochaine création « Le jour d’avant », une adaptation d’un roman de Sorj Chalandon. Tout droit sortie de l’imprimerie, le public a pu découvrir en avant-première son dernier roman graphique qui sortira le 16 mai, et qui retrace l’histoire d’un homme en quête de justice pour son frère, mort dans l’explosion d’une mine. Expliquant son choix d’adaptation, Romain Dutter a partagé son coup de cœur pour ce roman dont il a découvert l’existence il y a trois ans et son désir de le porter en roman graphique, un projet qui a pris trois ans d’engagement et de dévouement.
C’est avec honnêteté que l’artiste a insisté sur la longue gestation d’un roman graphique, nécessitant plusieurs années : plus de deux ans entre l’écriture, la réalisation des dessins et les échanges entre l’auteur et l’illustrateur pour parfaire chaque détail. Il a également abordé la réalité financière du métier, expliquant que les auteurs ne touchent qu’une petite part des ventes, préférant souligner la valeur de la liberté et de la passion plutôt que celle de l’argent.
Interpellé par une élève sur ses débuts dans le domaine, l’artiste a évoqué sa passion précoce pour la lecture et l’écriture, avouant tout de même que devenir auteur n’était pas son rêve d’enfant. Il n’avait, à vrai dire, jamais envisagé cette possibilité avant d’avoir la trentaine. C’est à travers ses expériences à l’étranger, ainsi que dans les prisons en tant que coordinateur des activités culturelles, qu’il a ressenti le besoin de partager les histoires qu’il vivait et les destins qu’il croisait, aboutissant à la réalisation de sa première œuvre “Symphonie Carcérale” et au début de sa carrière d’auteur.
En conclusion, Romain Dutter a encouragé les élèves à croire en leurs rêves malgré les obstacles, rappelant l’importance de persévérer et de suivre leur passion. La rencontre s’est terminée sur la projection de photos de ses voyages, de ses expériences en prison et des sources d’inspirations pour ses œuvres, laissant les élèves admiratifs devant cet artiste du monde.