Kamel Isker_© Natacha Lamblin
Kamel Isker
Comédien
Collège les Pyramides, Évry-Courcouronnes (91)
29 avril 2024
Être comédien, c’est aussi beaucoup de passion et de connaissance de soi. Il faut savoir qui on est et d’où on vient.

75 élèves / 3ème / accompagnés par 2 professeures de lettres et 1 professeure d’espagnol

Ayant grandi dans le quartier des Pyramides, scolarisé de 1994 à 98 au collège Les Pyramides d’Evry-Courcouronnes, Kamel Isker n’y était pas revenu depuis près de 30 ans, donnant à cette journée une signification particulière pour lui, mais aussi pour l’établissement. C’est une grande émotion qui n’a pas quitté le comédien, de retour dans son ancien collège pour y rencontrer les élèves et évoquer avec eux son métier et son parcours. Malgré les transformations et les fresques réalisées par les élèves qui ornent maintenant les murs, Kamel Isker n’a rien oublié de son enfance et de son passage au sein de l’établissement. Après avoir arpenté les couloirs qu’il connaissait si bien et partagé un repas avec plusieurs enseignantes, dont certaines l’avaient eu en classe, l’artiste est allé à la rencontre des élèves de 3ème impatients de le rencontrer et d’en apprendre davantage sur l’ancien collégien.

Le comédien a entamé la discussion en se présentant et en évoquant l’émotion intense que lui a procuré ce retour aux sources, et sa fierté à l’égard de son parcours et de ses origines dans le quartier des Pyramides. Une émotion non feinte, renforcée par l’identification quasi immédiate aux élèves présents ce jour-là. Même si 30 ans les séparent, il a évoqué le lien, cette culture et ce lieu si emblématique qui relient chacun d’eux dans cette salle.

Après les quelques mots d’introduction, les premières questions des collégiens sont arrivées rapidement : « Quelle était votre matière préférée au collège ? Etiez-vous bon élève ? ». Kamel Isker a avoué qu’il n’était pas très doué dans les matières scientifiques et préférait les matières littéraires : le français, l’histoire-géographie. Il a raconté avoir été dans la moyenne, pas excellent élève mais avec des notes “convenables” selon ses termes. Puis la question sur le meilleur souvenir au collège a été posée, plongeant l’artiste dans ses pensées pendant quelques instants. « Je n’ai que des souvenirs de fous rires dans ce collège et ce quartier où j’ai grandi », a-t-il partagé. Il a raconté l’anecdote du moment où il avait présenté ses amis d’Évry-Courcouronnes à son nouvel entourage parisien. Et c’est avec beaucoup de tendresse que Kamel Isker a évoqué le décalage entre ses deux mondes et a réalisé la chance qu’il avait eue de grandir et de faire sa scolarité dans un milieu social varié et multiculturel, témoin de grands moments de joie.

Le comédien en a profité pour rappeler aux élèves de mesurer la chance qu’ils avaient d’être dans ce collège proposant une multitude d’options et de projets artistiques encadrés par des équipes pédagogiques dynamiques et engagées. Il a exprimé sa fierté de voir l’évolution de cet établissement depuis son époque jusqu’à aujourd’hui, une évolution plus que positive, et qui lui donnait envie de revenir sur les bancs de l’école en tant qu’élève.

La fameuse question de l’âge auquel l’artiste avait trouvé sa vocation a alors été posée. Kamel Isker a raconté qu’à l’époque, il avait commencé le théâtre dans la maison de quartier des Pyramides vers l’âge de 13 ans, un quartier peu sûr selon les dires de l’artiste. C’était là qu’il avait commencé les improvisations théâtrales, et ce fut aussi l’endroit où il se sentit extrêmement bien. Issu d’une famille aimante l’ayant profondément soutenu dans ses rêves d’artiste, Kamel Isker s’est alors inscrit dans un club de théâtre en arrivant à Paris à l’âge de 17 ans. C’est à ce moment-là que l’idée d’en faire son métier a germé, un joli clin d’œil à la carrière de son frère Hakim Isker, réalisateur.

Concernant les grandes qualités pour devenir un comédien, l’artiste a insisté sur le fait d’être curieux et sur le travail conséquent que ce métier nécessite. Être comédien, c’est pouvoir transmettre des émotions pendant parfois 1h40 sur scène. C’est aussi s’informer sur le personnage que l’on doit incarner. Cela rejoint la curiosité : il faut beaucoup lire, se documenter, poser des questions, apprendre, essayer… Le métier de comédien requiert également beaucoup de passion et de connaissance de soi. « Il fallait savoir qui on était et d’où on venait ».

« Quelle a été votre réaction lorsque vous avez reçu le Molière ? » a également demandé une élève. Cette question a énormément ému l’artiste. Il a alors confié que ce fut une belle victoire pour lui, mais aussi pour sa maman qui l’avait toujours soutenu. Ce fut aussi une belle récompense pour le travail acharné qu’il avait fourni, mais aussi un très bel hommage à ses racines kabyles et à son passé à Évry-Courcouronnes. 

Venant du quartier, notamment dans le théâtre, Kamel Isker a dû mettre les « bouchées doubles », et il en était d’autant plus fier. Il est d’ailleurs revenu sur les sensations incroyables et inexplicables qui l’avaient traversé quand son nom a été annoncé lors de la cérémonie au moment de monter sur scène. 

Les élèves l’ont aussi questionné sur l’aspect répétitif du théâtre, lui demandant si ce n’était pas lassant de jouer de nombreuses fois la même pièce. Chaque représentation est différente, a-t-il expliqué aux collégiens, et c’est d’ailleurs pour cela qu’on appelle ça du spectacle vivant,  les rires ne résonnent jamais au même moment d’une représentation à l’autre. « On ne s’ennuie jamais ». L’artiste en a profité pour revenir sur un point très important, rappelant qu’il ne faut jamais oublier que c’est son métier, c’est pour cela qu’il est comédien. Les personnes payent, réservent leur temps libre pour aller au théâtre. Le comédien, même s’il est fatigué, doit toujours donner le meilleur de lui-même sur scène.

La fameuse question de la rémunération a été posée à l’artiste. Il a admis qu’il n’avait pas les mêmes cachets que les acteurs de cinéma ou de télévision. Il a évoqué alors le statut d’intermittent du spectacle qui offre une sécurité financière non négligeable. Mais Kamel Isker a tout de même rappelé qu’on ne faisait pas ce métier pour l’argent, mais plutôt par passion. 

Une rencontre aussi enrichissante qu’émouvante pour l’artiste et pour les élèves, leur offrant l’opportunité de percevoir en Kamel Isker un exemple inspirant de réussite et de ténacité. Une illustration du fait que quel que soit notre parcours, notre origine ou notre passé, il est possible de réussir et de s’épanouir dans ce qui nous passionne.