250 élèves/ 1ère, Terminale et BTS accompagnés par 9 enseignants
Le scénariste, historien, documentariste, auteur et réalisateur Patrick Rotman était de retour dans son ancien établissement scolaire, le lycée Gustave Monod à Enghien-les-bains. C’est avec beaucoup d’émotion que l’artiste a repassé les portes de l’établissement pour venir échanger avec 250 lycéens, qui avaient studieusement préparé la rencontre avec leurs enseignants. Patrick Rotman a évoqué avec eux son parcours, son métier et ses multiples casquettes, et exposé la manière de concevoir un documentaire historique et tout le processus de création d’une œuvre audiovisuelle. Ce fut également l’occasion pour Patrick Rotman de revisiter son ancien établissement, qui n’a, selon ses mots, finalement pas tant changé en un demi-siècle, a-t-il noté, ému de retrouver avec précision ses souvenirs d’adolescent.
Le scénariste, historien, documentariste, auteur et réalisateur Patrick Rotman était de retour dans son ancien établissement scolaire, le lycée Gustave Monod à Enghien-les-Bains. C’est avec beaucoup d’émotion que l’artiste a repassé les portes de l’établissement pour venir échanger avec 250 lycéens, qui avaient studieusement préparé la rencontre avec leurs enseignants. Patrick Rotman a évoqué avec eux son parcours, son métier et ses multiples casquettes, et exposé la manière de concevoir un documentaire historique et tout le processus de création d’une œuvre audiovisuelle. Ce fut également l’occasion pour Patrick Rotman de revisiter son ancien établissement, qui n’a, selon ses mots, finalement pas tant changé en un demi-siècle, a-t-il noté, ému de retrouver avec précision ses souvenirs d’adolescent.
Patrick Rotman a saisi l’anecdote pour rappeler aux élèves qu’il est possible de se réorienter, changer d’avis, essayer et se tromper. En effet, initialement l’artiste avait pour projet de faire de la recherche et de l’enseignement. Finalement et suite à l’écriture de ces fameuses mémoires, il a commencé à écrire d’autres livres d’enquêtes historiques. Il a alors fait un saut dans l’enfance et a raconté que depuis petit, il est passionné par l’histoire, mais aussi le cinéma. Il a expliqué aux élèves avoir eu l’envie de transformer « les mots de l’histoire » en image en combinant ces deux amours. La suite de ce chemin artistique fut la réalisation de son premier film « La guerre sans nom » aux côtés de Nicolas Tavernier, qui a également eu beaucoup de succès. Patrick Rotman a alors décidé de passer d’avantage de temps sur des projets de réalisation et va réaliser un grand nombre d’œuvres : documentaires et fictions historiques (une trentaine), romans, scénarios, réalisations, … devenant un artiste aux multiples casquettes.
Dans la continuité de l’échange, les premières questions étaient principalement axées sur la guerre d’Algérie (au programme des lycéens). Concernant les archives et le travail de recherche des historiens, plusieurs élèves se sont interrogés sur la difficulté d’accès aux archives. Oui, il n’est pas toujours simple d’avoir accès aux informations et à l’image, mais c’est ce qui rend le travail d’autant plus intéressant et excitant, a expliqué Patrick Rotman. Il est alors revenu sur ses découvertes incroyables, d’images d’archives uniques de la guerre d’Algérie, retrouvées sur de vieilles bobines dans les archives historiques. Pour les films et la création audiovisuelle, par exemple, l’auteur a expliqué qu’il faut toujours multiplier les sources et les archives utilisées. Ce processus de recherche prend des mois et des mois et ressemble farouchement à une « chasse au trésor passionnante » nous a confié l’artiste. Revêtant sa casquette de scénariste, Patrick Rotman a aussi raconté qu’il arrive parfois que de nouvelles images d’archives apparaissent même pendant les montages finaux. Que ce soit à la bibliothèque, aux Archives Nationales, privées ou publiques ou dans des articles, la recherche d’images est omniprésente et doit mobiliser tous les moyens disponibles. Pour conclure sur cette partie, l’artiste a partagé avec les élèves les ingrédients de la recette pour des recherches historiques réussies : du temps, de la persévérance et un peu de chance.
Est ensuite venue la question concernant le choix de titrer le documentaire « L’ennemi intime » (visionné par les élèves en amont). Patrick Rotman leur a expliqué que ce choix était principalement motivé par le désir de raconter l’engrenage de la violence et de comprendre comment de jeunes gens ont plongé dans le brasier de la guerre d’Algérie, commettant des actes réprouvés par la morale. Le titre possède en réalité deux sens : souligner la responsabilité de la France dans cette guerre, et évoquer la banalisation du mal, montrant que n’importe quel citoyen peut commettre des actes atroces lorsque la guerre fait tomber toutes les barrières morales. Un sujet également abordé en cours par les lycéens en vue de la préparation du Bac.
Interrogé sur des rencontres marquantes lors de la réalisation du reportage, l’artiste a répondu avec émotion. Chaque rencontre avec des personnes ayant vécu ces événements historiques était un moment d’émotion intense, d’intimité profonde et parfois de larmes. Patrick Rotman a évoqué notamment une rencontre poignante qu’il a faite avec un couple déporté durant la Seconde Guerre mondiale. Séparés dans les camps, au cœur de l’horreur, ce couple a confié à l’artiste le récit de leurs retrouvailles à la fin de la guerre, à l’hôtel Lutetia dans le 7ème arrondissement parisien. Il a aussi évoqué sa rencontre avec un tortionnaire de la guerre d’Algérie, cherchant à comprendre « le mal » et les raisons qui mènent l’humain à de tels actes. Malgré la confrontation de cinq heures avec ce tortionnaire, l’expérience était étonnante, surprenante et déroutante, lui laissant des souvenirs extrêmement forts qui résonnent encore à travers les mots de l’historien.
Des élèves l’ont également interrogé sur la nécessité de prendre une certaine distance en tant qu’historien avec ces témoignages. Patrick Rotman a alors souligné la schizophrénie de ce métier, qui oscille entre la volonté de capturer l’image authentique et la nécessité d’avoir des interactions émotionnelles, reconnaissant que ce métier implique une part d’intimité et d’émotion importante. La difficulté réside, selon lui, dans la capacité à faire la part des choses entre la recherche historique de qualité et l’aspect humain. Il a évoqué ses limites, soulignant qu’il ne devait jamais dépasser les barrières de la morale lors de ses recherches et interviews.
Quant aux grandes difficultés du documentariste, l’artiste a souligné qu’elles sont présentes à toutes les étapes du processus. La précision et la rigueur sont essentielles pour ne pas trahir la réalité, a-t-il expliqué aux élèves. Le processus de réalisation d’un documentaire implique des mois de travail sur le sujet, la lecture de centaines, voire de milliers de pages, et la traduction de ces connaissances en film. Une fois la trame établie avec les archives, le réalisateur documentariste visualise la trame de l’histoire et ce qu’elle pourrait être en images. Puis, il passe à la phase de montage, qui demande une grande précision et de nombreux ajustements. L’artiste a alors rassuré les élèves : il ne fait pas tout cela seul. Il s’agit en réalité d’un travail d’une petite équipe qu’il dirige. Il collabore notamment avec une documentaliste depuis 25 ans pour les recherches, un monteur pour la partie technique, un musicien pour la composition musicale et des techniciens en cas de besoins pour les effets spéciaux. Mais s’il y a un mot d’ordre à retenir selon Patrick Rotman c’est « la rigueur ».
Ce fut un échange riche et passionnant, dont les élèves sont sortis enchantés et avec un nouveau regard sur l’histoire, mais aussi sur le monde de l’audiovisuel et de ces métiers passionnants que sont ceux de documentariste ou réalisateur.