
140 élèves de sixième, soit 5 classes, accompagnés par leurs professeurs de français, d’histoire-géo et une professeure documentaliste
De retour dans le collège Jean-Baptiste Clément à Dugny, Issam Krimi était particulièrement enthousiaste à l’idée de rencontrer les élèves. Pour cause, il garde un souvenir ému de cet établissement où il était en classe CHAM, une étape fondatrice dans son parcours.
Le compositeur n’avait pratiquement pas connu le collège sous sa forme actuelle puisqu’à son époque, le bâtiment était encore en construction. Il se souvenait surtout des préfabriqués dans lesquels il suivait les cours. La visite de la salle de musique, désormais décorée de posters des Beatles, de Bob Marley et des Rolling Stones, a cependant ravivé chez lui des souvenirs de sa scolarité, de la classe à horaires aménagés musique, de ses professeurs et de ses camarades avec qui il séchait parfois les cours au conservatoire pour aller au cinéma, nous a-t-il confié.

Lors de deux temps de rencontre, le musicien a échangé avec plusieurs classes de sixième. Répondant à leurs questions, il a raconté comment il avait découvert la musique grâce à ses parents, qui l’ont inscrit au conservatoire où il a fait du piano, poursuivant sa formation classique grâce à la CHAM. Pour échapper à la rigueur imposée par le conservatoire, Issam Krimi s’est tourné vers un autre genre : « le jazz a transformé ma vie » .
Après des études musicales approfondies au conservatoire et à l’université en musicologie, il a pris la décision de faire de la musique son métier. Il a d’abord enseigné le piano pour des malvoyants, tout en développant ses projets personnels. Il a continué à se perfectionner en composition et en harmonie et s’est peu à peu construit un réseau, multipliant les activités : arrangeur, musicien, compositeur, notamment pour la télévision et le cinéma. Il a insisté sur le fait que la musique est un monde très particulier. De nombreux artistes font carrière sans formation académique, mais une formation musicale reste indispensable pour son métier de compositeur.
« Je me suis construit dans la musique parce que ce n’ est pas seulement un metier. C’est une manière de vivre » – Issam Krimi

Les élèves se sont montrés très enthousiastes et curieux, et l’ont interrogé sur son travail, ses sources d’inspiration et ses collaborations avec des rappeurs. Il a répondu avec beaucoup de générosité et de pédagogie, expliquant notamment que pour lui, il était essentiel de travailler avec plaisir et qu’« en musique, on n’est jamais seul ».
À ce sujet, il a évoqué ses nombreux projets dans le rap. Il a rappelé qu’en France, le rap s’était longtemps développé sans musiciens et il y avait peu de compositeurs qui orchestraient dans ce style de musique. Il avait toujours eu à cœur de se rapprocher de cet univers. Il a ainsi dirigé le projet Hip-Hop Symphonique avec l’Orchestre de Radio France, accompagné MC Solaar en tournée, et collabore depuis plusieurs années avec Ninho. Avec ce dernier, il a même relevé le défi d’amener un orchestre symphonique sur la scène du Stade de France, ce qui n’avait quasiment jamais été fait.

Questionné sur ses influences majeures, Issam Krimi a mentionné Quincy Jones comme référence majeure de parcours et, parmi les artistes de rap américain qu’il apprécie, Kendrick Lamar et Kanye West. En ce moment, il écoute Rosalía et Billie Eilish.
Interrogé sur ses projets futurs, Issam Krimi a parlé de la création d’un opéra, un processus long et exigeant qui devrait voir le jour dans deux à trois ans. Il a aussi mentionné la sortie de son album, prévue pour la fin de l’année.
Issam Krimi a évoqué les projets qui lui tenaient le plus à cœur. Si le Hip-Hop Symphonique est sans doute son projet le plus connu, il garde une affection particulière pour sa tournée avec MC Solaar, où il s’est senti le plus accompli musicalement, ainsi qu’une pièce de théâtre, Gatsby le magnifique avec Sofiane Zermani, créée à Avignon initialement dans la discrétion, et qui a finalement connu un beau succès en reprise à Paris. Ce projet lui a permis de poser un pied dans le monde du spectacle vivant. Également passionné de cinéma, la musique à l’image l’attire de plus en plus et il s’est mis à composer pour des films et documentaires.
Pour terminer, il n’a pas éludé les difficultés liées au métier de musicien, évoquant ses débuts précaires et les périodes inégales sur le plan financier. Il lui était parfois arrivé de douter, de se remettre en question, mais la passion pour la musique l’a toujours poussé à continuer.
Touché par ce retour aux sources et l’énergie des élèves, Issam Krimi nous a fait parvenir ces mots après la rencontre :
« Parler de musique, de la vie avec la musique. Dire que ce que tu aimes n’a pas de limites à tes aspirations. Voir autant de visages différents qui te rappellent la richesse dans laquelle tu as grandi . . . Et y puiser ton originalité pour aller la chercher partout où ton coeur te mène… Le « combien tu gagnes? », « il est sympa Ninho ? » qui côtoient « c’est difficile ? », « pourquoi la musique ? ». . . Merci Un Artiste à l’école ! »
