90 élèves
accompagnés par 3 professeurs
Le journaliste, et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini était de retour dans son lycée saint-quentinois le mardi 24 janvier pour discuter avec environ 70 élèves de 2nde et 1re. Durant deux heures, il a partagé, avec émotion et sincérité, sa vision du métier de journaliste, sa passion pour les récits, transmettant avec enthousiasme son expérience et ses questionnements. Après l’avoir écouté raconter son parcours passionnant entre rédactions et reportages de terrain, les jeunes, qui avaient vu en classe son enquête primée sur l’affaire Farewell, La Taupe, n’ont pas tari de questions à l’égard de l’ancien élève.
Hervé Brusini a évoqué avec eux son enfance à Saint-Quentin, son parcours et sa rencontre avec certains professeurs du lycée dont il chérit aujourd’hui encore le souvenir, qui lui ont transmis a-t-il dit, la curiosité, l’envie et le goût de voir des films. Enfant unique d’un père bucheron immigré italien et d’une mère travaillant dans un tabac qui le destinaient à une carrière de procureur ou de médecin, c’est son admiration pour les grandes figures de la télévision et le média lui-même qui l’ont poussé vers le journalisme. Sa découverte du secteur s’est faite presque par hasard a-t-il raconté, et vite l’intérêt pour l’info, son questionnement du traitement de l’information, sa conscience de l’importance de raconter « la vérité » ont marqué son début de carrière. Evoquant la diversité du travail du journaliste, le travail d’investigation sur les magazines, la création, les reportages sur le terrain, Hervé Brusini a surtout insisté sur l’importance du plaisir, la joie de faire « quelque chose qui nous plait dans la vie ». Il a également partagé avec émotion ses souvenirs, son complexe d’« enfant de Saint-Quentin », les barrières qu’il se mettait alors, sa curiosité, et son métier l’importance de la transmission et du partage, déclarant d’ailleurs qu’il était également là pour apprendre des jeunes.
La discussion s’est un temps attardée sur son reportage autour de l’affaire Farewell, la situation du journaliste au cœur de la géopolitique et les élèves ont été curieux de son travail et d’en savoir plus sur la prise de risque que celui-ci leur semblait impliquer. A la question de l’un d’entre eux autour de la notion de peur, le journaliste a d’ailleurs évoqué plusieurs anecdotes et fait référence à de nombreux journalistes, dont de nombreuses femmes reporters qui couvrent les conflits pour en rendre compte, notamment en Ukraine, soulignant les risques pris.
Sur le sujet de la peur, il a souligné celle peut être moins évidente mais bien présente de la pression, du stress du journaliste notamment quand il révélait des scandales avec l’émission « Pièces à conviction ». Pas avare de révélations, Hervé Brusini a captivé son auditoire en évoquant les coulisses de la réalisation du reportage sur l’affaire Farewell, insistant sur le travail collaboratif avec sa co-autrice, ses échanges avec le KGB, et le soupçon de chance qui a permis de recueillir la parole de la veuve de Karpov (, ouvrant les yeux des jeunes sur ce que le reportage révèle des rapports de force entre la Russie d’alors et le monde occidental, et l’importance de ce récit dans ce qu’il a alors révélé de l’espionnage.
Il a également évoqué son regret de ne pas avoir assez assisté Mme Farewell, soulignant l’importance de « rendre » à ses sources, de les considérer, de les protéger et d’être vigilant à ne pas juste « prendre » ou être à la recherche du scoop au détriment des personnes. Evoquant comme une « leçon du journalisme » ce regret, évoquant la politique de la terre brûlée qui peut être celle de certains journalistes et l’importance de leur responsabilité sur ce point. La sincérité de l’approche d’Hervé Brusini a marqué l’assistance !
Le journaliste a évoqué son métier de manière très concrète, l’ouverture sur le monde que cela représente. Les voyages, les rencontres avec de nombreuses personnalités.
Les jeunes l’ont également interrogé sur sa perception du monde contemporain, l’apparition des smart phones et des réseaux sociaux et ce nouveau rapport avec l’information. Il a souligné l’importance de s’adapter et de vivre avec son temps, de rester alerte sur les nouvelles perspectives et possibilités d’expression, tout en rappelant l’importance de la maitriser, du respect de l’autre et de la conscience de la portée de la parole. Les réseaux sociaux sont pour lui une chance supplémentaire pour inventer, pour raconter.
Enfin, président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini a évoqué les grandes figures dont il admire le travail (Nelly Bly, Florence Aubenas, Cavada et bien d’autres) et ce reporter en particulier, racontant son histoire de jeune poète devenu journaliste et propulsé sur le devant de la scène lors de la 1re guerre mondiale grâce à son talent pour « raconter », la puissance de son travail, menant jusqu’à l’abolition des bagnes, le transformant en symbole du grand reportage. La rencontre s’est terminée sur l’importance du journaliste sur le plan sociétal, permettant bien souvent de faire bouger les lignes, de révéler et dénoncer des scandales, et l’importance de la véracité des informations, du souci de véracité associé au pouvoir du journalisme.
Les jeunes et leurs professeurs sont repartis enthousiastes et emprunts de la jubilation partagée d’Hervé Brusini venu pour transmettre autant son expérience et évoquer son métier, qu’ouvrir une porte optimiste vers l’avenir à des élèves dont l’espoir est parfois terni par un quotidien difficile.
Presse
L’Aisne Nouvelle – 24 janvier 2023
Le Courrier Picard (Web & Papier) – 25 janvier 2023
L’Union – 25 janvier 2023
France 3 Picardie – au 12/13 puis au 19/20 – 25 janvier 2023