Charles Tordjman
Charles Tordjman
Metteur en scène, dramaturge
Lycée Fabert, Metz (57)
29 avr.
« Revenir au lycée 60 ans après en être sorti c’est comme revenir au début de la boucle d’un voyage. Qu’y retrouve t on ? Mystère Charme et inquiétude mêlés. On verra bien… »

30 élèves de Première et Terminale encadrés par 1 professeure de théâtre, 1 professeure documentaliste

Au lendemain de la Cérémonie des Molières, où il a remporté le Molière du Meilleur seul en scène pour sa mise en scène de Pauline & Carton, Charles Tordjman est revenu dans son ancien Lycée Fabert à Metz pour rencontrer les élèves, après une visite des lieux. Pour ouvrir la discussion, il a évoqué, avec émotion, son souvenir de la ville et de sa scolarité. Il s’est rappelé le jour de son arrivée depuis le Maroc, encore enfant. Déjà sur place, son père l’avait accueilli, et le jeune Charles a été frappé par la froideur de sa joue, tant le changement de température fut brutal. Le lycée a été une étape fondatrice pour lui. Il y a découvert sa passion pour le théâtre.

Une élève l’a questionné sur son rôle de metteur en scène : comment une pièce de théâtre se crée ? En quoi consiste concrètement son métier ? Charles Tordjman a détaillé l’équipe à qui il faisait appel : des comédiens, un éclairagiste, un musicien, un chef de chœur…. En montant cette équipe et en travaillant sur le projet, il établit un budget global de ce qui est nécessaire pour monter son spectacle. Puis, munis de ces documents, il va d’un théâtre à un autre pour trouver du financement.
Charles Tordjman a longuement discuté de son prochain projet de mise en scène, une pièce classique grecque. Il a évoqué les enjeux de mise en scène avec les élèves, leur demandant leurs idées. Ces derniers se sont tout de suite prêtés au jeu, suggérant des projections, des jeux d’écran, un casting ou une scénographie distincts. Leurs propositions, leur imagination et leur argumentation ont grandement impressionné le metteur en scène.

Il a ensuite évoqué sa collaboration avec des dramaturges et les rencontres décisives qui ont jalonné son parcours. Il a notamment raconté comment, admirant les romans de François Bon, il avait pris l’initiative de le contacter alors qu’il passait par Montpellier. François Bon l’a alors convié à un atelier d’écriture qu’il animait avec les habitants d’un quartier populaire. Cette rencontre a profondément marqué Charles Tordjman, impressionné par cet auteur capable de parler de Kafka et d’autres sujets complexes, sans jamais se limiter, devant des publics qu’on estime généralement plus éloignés de la culture.

Il est longuement revenu sur le festival Passage, qu’il a créé, et les voyages inoubliables qu’il a faits pour établir sa programmation. Il a évoqué le Tsam, rite mongol ancestral. Il s’était rendu à Oulan-Bator et a invité les lamas (religieux boudhistes tibétains) à faire une performance au festival dans les années 90. Il a également fait venir des Yakuts de Sibérie qui, selon une anecdote du metteur en scène, ont mangé des fleurs dans la ville. 

Interrogé par un élève sur ce qui caractérisait un bon acteur, Charles Tordjman a répondu que cela se remarquait vite, mais qu’il lui était difficile de le définir. Il a ajouté : « Peut-être que ce sont les gens les plus libres possibles ».

Charles Tordjman a insisté sur la notion de collectif, centrale au théâtre. Car, d’une part, c’est un art de création commune, la troupe œuvre ensemble vers un but. D’autre part, l’humain est une dimension importante de son travail : en tant que metteur en scène, il doit fédérer la troupe. Il s’est dit épaté par les metteurs en scène qui débordent d’imagination, car ce n’est pas son cas. Par contre, il sait créer un groupe, gérer les conflits.

« Au théâtre, on a cette chance inouïe de fabriquer des bouts de monde, des ‘nous’, et pas seulement des ‘je’. »

Tout au long de cette rencontre, Charles Tordjman a insisté sur l’importance de la liberté et du droit à l’échec dans le processus artistique : « Il ne faut pas céder sur ses envies, ni sur ses rêves. Si vous vous cassez les dents, ce n’est pas grave. À vos âges, ça repousse ! On a le droit d’échouer. »

Presse

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