Brigitte Buc
Brigitte Buc
Comédienne, scénariste et metteuse en scène
Lycée Jeanne d'Arc, Rouen (76)
14 Nov.
« Comprendre quelle sera la vie quotidienne au travail si l’on choisit telle ou telle profession. C’est important pour ne pas s’ennuyer plus tard, car « le Diable c’est l’ennui » disait Peter Brook, un grand homme de théâtre. Si je peux, même modestement, les aider dans leur choix, ce serait pour moi formidable. J’ai hâte ! »

2 classes de première & 1 professeure de SES, EDESV et sociologie de l’Art


La comédienne, scénariste, réalisatrice et présidente de la SACD, Brigitte Buc, s’est rendue dans son ancien lycée, le Lycée Jeanne d’Arc à Rouen, pour échanger avec deux classes de première sur son parcours artistique.

Le trajet entre la gare de Rouen et le lycée a été pour Brigitte Buc une promenade empreinte de souvenirs. Elle s’est d’abord arrêtée au conservatoire de Rouen, dans lequel elle avait passé une grande partie de son temps durant ses années de lycée en compagnie de son amie et partenaire artistique, Valérie Lemercier. Elle a retrouvé le petit théâtre du conservatoire, la salle Jean Chevrin, où l’homme de théâtre éponyme l’avait accompagnée dans l’exploration de son potentiel artistique.

Brigitte Buc devant son ancien lycée

Au lycée Jeanne d’Arc, Brigitte Buc a été chaleureusement accueillie par Stéphanie Moricet, professeure de SES, EDESV et sociologie de l’Art, et par les élèves. Dès son arrivée, elle a spontanément engagé la conversation avec les élèves, s’intéressant d’emblée à eux. Elle leur a confié son envie de les entendre, de comprendre leurs préoccupations et leur ressenti en tant qu’adolescents de 16 ans dans le monde actuel. Elle les a invités à partager leurs ambitions : qui, parmi eux, se projette dans un métier artistique ? Qui, au contraire, envisage une autre voie ? Elle a également ouvert un espace d’expression pour ceux qui hésitent encore sur leur orientation future. L’échange, d’abord timide, s’est progressivement ouvert. Certains élèves ont évoqué leurs inquiétudes liées au bac, d’autres leurs difficultés à se projeter dans l’avenir. Ils ont aussi abordé leurs peurs face à la pression de la concurrence, aux incertitudes financières, et aux défis du monde du travail.

Face à ces questionnements et préoccupations, Brigitte Buc a tenu un discours rassurant et encourageant. Elle a incité les élèves à croire en eux-mêmes et en leurs envies. Elle les a encouragés à poursuivre leur passion, à ne pas se poser trop de questions et à foncer : « Dès que vous avez envie, allez-y. Si vous avez envie, c’est que vous êtes fait pour ça » ; « Ne vous dites pas que quelqu’un fera mieux, on s’en fout de ce quelqu’un, c’est vous qui êtes important ». Elle leur a confié qu’elle ne connaissait personne ayant souhaité devenir comédien sans y parvenir, tout en soulignant qu’il existe de multiples chemins pour réussir : « Plein d’acteurs ont fait des écoles puis n’ont pas travaillé, d’autres n’ont pas fait d’école mais ont travaillé ».
Brigitte Buc a également partagé ses propres peurs, qu’elle a réussi à surmonter en suivant son désir de faire du théâtre et en écrivant. Elle a insisté sur l’importance de l’écriture comme moyen d’expression personnelle : écrire ses pensées, ses émotions, ou tout ce qui traverse l’esprit pour s’en libérer et mieux clarifier ses idées.
Elle a aussi souligné la nécessité de confronter ses idées aux réalités des métiers. Elle a invité les élèves à explorer différentes expériences pour découvrir ce qui leur convient : « L’important, c’est d’essayer, de voir ce qu’est la pratique » ; « Allez voir à droite, à gauche, voyez comment ça se passe ». Elle a par exemple évoqué les spécificités du métier de scénariste, qui demande de savoir gérer des périodes sans projet.

Les élèves ont posé de nombreuses questions sur ses métiers. Ils se sont intéressés à l’écriture d’un scénario, à ses inspirations, à son rapport à la réalisation de ses œuvres et à l’appropriation de ses textes par les comédiens, ainsi qu’au revenu des artistes dans le cinéma et à ses projets à venir.
Brigitte Buc a parlé avec franchise de son travail de scénariste et de dramaturge. Elle a abordé le devoir d’accepter que ses pièces et scénarios lui échappent lorsque les comédiens et les acteurs se les approprient pour leur donner vie : « Les acteurs sont des passeurs ».
Elle a également mentionné son amitié et sa collaboration de longue date avec Valérie Lemercier. « Valérie joue mes pièces, j’aide à écrire ses films, il y a une forme d’équilibre », a-t-elle expliqué, en insistant sur l’importance de la confiance amicale et artistique qui les unit. Ensemble, elles travaillent actuellement sur un scénario.

Discussion avec les élèves du Lycée Jeanne d'Arc à Rouen
Echange avec les élèves du Lycée Jeanne d'Arc à Rouen

Au fil de la discussion, elle a partagé des moments marquants de son parcours. Voulant d’abord être danseuse, elle a été bouleversée par une pièce de Nathalie Sarraute lors d’une sortie scolaire, ce qui lui a donné envie de faire du théâtre. À 18 ans, elle est ainsi montée à Paris, enchaînant petits boulots, castings et petits rôles, jusqu’à décrocher son premier engagement au théâtre grâce à l’ANPE Spectacles. Cette expérience lui a permis de faire des rencontres et de se faire remarquer sur scène. En parallèle, elle a repris des études de lettres et obtenu une maîtrise, amorçant ainsi son travail d’écriture, qui s’est affirmé à travers sa collaboration avec Valérie Lemercier. Cette dernière lui a proposé de travailler à ses côtés à l’écriture d’un spectacle, ce qui l’a menée par la suite à écrire son premier scénario. En 2006, elle a reçu le prix Révélation théâtrale de l’année de la SACD pour sa première pièce, Le Jardin.

« Se dire que même si on vient d’un lycée pas très connu, dans une ville pas très connue non plus, on peut quand même faire de grandes choses et arriver à un niveau assez élevé, c’est inspirant. » Jeanne, élève de première

La rencontre s’est conclue sur une note émouvante. Brigitte Buc avait préparé une citation d’Ariane Mnouchkine qu’elle a partagée avec les élèves, qui, en retour, lui ont interprété la chanson Aline en référence au film dont ils avaient vu de larges extraits. Après cet échange, plusieurs élèves sont venus poursuivre la discussion avec l’artiste, touchés par son écoute et sa gentillesse.

 

« Les retours des élèves sont positifs ; nous avons échangé sur la rencontre hier avec les 2 classes et il ressort que cela les a motivés, encouragés, leur a donné de l’espoir… et ils se sont sentis écoutés avec intérêt et bienveillance. » Stéphanie Moricet, professeure de SES, EDESV et sociologie de l’Art

PRESSE

Télérama – 16/12/2024