Sophie Bensadoun
Sophie Bensadoun
Réalisatrice, documentariste et scénariste
lycée Léonard Limosin, Limoges (87)
18 Nov.
« Le désir de devenir réalisatrice a grandi en grande partie dans mon lycée car on était une bande passionnée de cinéma et on discutait beaucoup autour des films. C’est à la fois un retour aux sources pour moi que de participer à ce dispositif et une continuité puisqu’il s’agit toujours de partager une passion. »

140 élèves : 2 classes de première, 1 classe de seconde, 1 groupe de terminale spécialité théâtre, 1 groupe de première et de terminale spécialité lettres classiques & 2 professeurs de français, 1 professeure de SES, le proviseur

Chaleureusement accueillie par l’équipe pédagogique du collège et lycée Léonard Limosin, Sophie Bensadoun a revisité avec enthousiasme l’établissement dans lequel sa passion pour le cinéma a grandi. Elle a ensuite rejoint les élèves dans l’amphithéâtre, où l’échange a débuté par une introduction menée par deux lycéens. Ceux-ci ont présenté l’artiste, expliqué la préparation effectuée en amont de cette rencontre à travers l’étude de son film documentaire Les Cuisiniers de Treignac, et partagé leur ressenti, soulignant combien ils l’ont trouvé touchant.

Sophie Bensadoun a ensuite raconté son parcours, qui l’a menée aux métiers de documentariste, réalisatrice et scénariste. Durant ses années de lycée, elle partageait sa passion pour le cinéma avec d’autres élèves, ce qui l’a poussée à créer un ciné-club avec deux de ses amis. Elle ajoute : « Quand les cours terminaient tôt, on filait au cinéma », citant parmi les films qui l’ont marquée La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

L'œuvre étudiée par les élèves : Les Cuisiniers de Treignac
Sophie-Bensadoun-devant-son-ancien-lycée

Après l’obtention de son baccalauréat en 1985, elle s’est lancée dans des études de cinéma, un choix reposant, d’après elle, probablement sur la somme de tout ce qu’elle aimait, mais pour lequel elle estimait ne pas avoir de talent, comme l’écriture, l’image et la musique : « C’est peut-être la somme de toutes mes incompétences. »

Sophie Bensadoun a également rappelé qu’elle ne venait pas d’une famille du milieu du cinéma et qu’elle n’était pas une élève particulièrement brillante, ce qui ne l’a pourtant pas empêchée d’intégrer la Fémis à 18 ans. À la sortie de l’école, elle a travaillé comme assistante réalisatrice sur des projets documentaires. Elle a décrit cette période comme un apprentissage essentiel : « J’ai appris en étant assistante et grâce à des réalisateurs qui m’ont laissé de la place dans le travail. »  Dans la continuité de cette expérience, elle a réalisé son premier documentaire, amorçant une carrière qui compte aujourd’hui vingt films documentaires. Sophie Bensadoun a confié qu’elle souhaitait désormais se tourner vers la fiction, revenant ainsi à son ambition initiale : « J’ai commencé ce métier avec l’envie de faire de la fiction. » Elle a souligné que la fiction exige une certaine maturité, de l’expérience et une vision artistique affirmée, des qualités qu’elle a développées au fil des années. Elle travaille d’ailleurs actuellement sur un projet de fiction.

« Inviter Sophie Bensadoun au lycée Limosin aura permis aux jeunes générations de croire en leurs rêves, en leurs capacités, de montrer l’importance de l’École dans le parcours singulier de chacun et de rendre concret l’adage de Catherine Grosjean à ses élèves :  » Le chemin est devant soi, il faut avancer ! » » Les professeurs mobilisés du Lycée Léonard Limosin

Les élèves se sont montrés très attentifs et réactifs. Ils avaient préparé de nombreuses questions sur son parcours et ses métiers, notamment sur la réalisation d’un documentaire, sur Les Cuisiniers de Treignac et ses autres projets, mais aussi sur des aspects plus techniques comme le financement d’un film, le rôle du producteur et la rémunération d’un réalisateur.

Sophie Bensadoun a expliqué aux lycéens comment elle développe ses projets documentaires. Tout commence par une idée qu’elle approfondit en rédigeant quelques pages avant de les présenter à un producteur. Ce dernier l’accompagne dans le développement de l’écriture et se charge de rechercher les financements nécessaires.
Elle a également décrit son investissement dans toutes les étapes de la réalisation de ses documentaires, de la préparation au montage. Après chaque tournage, elle commence par dérusher elle-même l’ensemble des images et établit un plan de montage, structurant ainsi son film. Cette méthode lui permet de gagner un temps précieux, car « le temps dans la salle de montage passe très vite ». Elle a souligné que le métier de documentariste demande beaucoup de temps et un investissement personnel considérable.
La documentariste a également insisté sur l’importance de la confiance au sein de son équipe de travail. Elle collabore toujours avec les mêmes professionnels, notamment avec le même compositeur, avec qui elle travaille depuis vingt ans.

Discussion-avec-les-élèves-du-Lycée-Léonard-Limosin

L’artiste a par ailleurs évoqué ce qui l’a amenée à réaliser Les cuisiniers de Treignac et les différentes étapes marquantes de la création de ce documentaire. Elle a expliqué que son attrait pour l’univers de la cuisine l’avait poussée à s’intéresser à ce projet. Elle trouvait particulièrement intéressant d’explorer comment transmettre les bases de la cuisine française à un groupe de jeunes issus d’horizons divers.
Lors de la préparation du documentaire, Sophie Bensadoun s’est rendue dans un premier temps au lycée pour rencontrer les élèves, une expérience qui l’a immédiatement plongée dans l’atmosphère unique de l’établissement. Elle a passé du temps sur place, réalisé des repérages, organisé des castings et échangé avec tous les jeunes susceptibles d’apparaître dans le film.

Sophie Bensadoun a parlé du fil conducteur de ses documentaires, expliquant que le lien entre ses œuvres réside dans l’humain. Ce sont des histoires de personnes qui luttent pour leur dignité ou pour un engagement. Pour Sophie Bensadoun, « le documentaire aide beaucoup à comprendre le monde », il donne accès « à des réalités de vie extraordinaires. »

Toutefois, elle a insisté sur l’équilibre délicat entre sa perception et la réalité qu’elle souhaite retranscrire : « la vérité que je souhaite retranscrire, c’est celle que je ressens » et « J’espère que ma vision correspond à la vision de la réalité.» La réalisatrice a également abordé la façon de traiter des sujets complexes et sérieux avec éthique et professionnalisme. Elle a expliqué que cela exige de l’expérience, une certaine maturité politique et une capacité d’observation que la formation contribue à développer. Malgré la gravité de certains thèmes, Sophie Bensadoun a mis en avant l’importance de l’humour et de la légèreté dans ses documentaires : « Le rire a quelque chose de fédérateur, c’est important. »

Discussion-avec-les-élèves-du-Lycée-Léonard-Limonsin-

En réponse à une question sur les difficultés liées à l’actualité pour les documentaristes, Sophie Bensadoun a mentionné les contraintes imposées par les financeurs, qui peuvent exercer une forme de censure. Elle a évoqué le refus de certaines chaînes de télévision de diffuser certains films.
Sophie Bensadoun a également évoqué les difficultés qu’elle a rencontrées au cours de la réalisation de ses documentaires. Des imprévus surviennent parfois, notamment lorsqu’une personne, initialement prévue pour figurer dans un film, change de statut entre la phase de préparation et le tournage, ou encore lorsque quelqu’un se désiste à la dernière minute. Cela demande « un mélange de maîtrise et de lâcher-prise », car il faut savoir garder le contrôle tout en étant prêt à s’adapter.

« C’était hyper enrichissant d’avoir un avis en direct d’une réalisatrice, de découvrir son métier en profondeur et (…) qu’elle puisse répondre à nos questions. (…) Je n’avais jamais entendu parler (de ce métier) et je ne savais pas qu’il y avait autant de métiers derrière un film. » Laurine S., élève de première

La documentariste a également abordé l’impact de la téléréalité sur la pratique documentaire. Depuis son émergence, il est devenu plus difficile de gagner la confiance des personnes filmées, ces dernières redoutant souvent une utilisation abusive de leur image. Pour établir une relation de confiance, Sophie Bensadoun mise sur une éthique rigoureuse. Ainsi, elle montre systématiquement ses films terminés aux personnes concernées pour obtenir leur validation. Lors du montage, elle veille également à protéger les protagonistes contre eux-mêmes, en supprimant des passages où ils pourraient en dire trop ou où leurs propos, mal formulés, risqueraient d’être mal interprétés.

Elle a ensuite évoqué les défis du secteur documentaire, marqué par un manque de moyens. Elle a insisté sur la précarité de ce métier et sur l’importance de savoir bien gérer ses finances. Sophie Bensadoun a précisé que si elle devait calculer son salaire en fonction du temps total investi dans ses projets, elle gagnerait souvent moins que le salaire minimum. Pourtant, elle reste passionnée par son travail. « Je ne roule pas sur l’or, mais je vis de mon métier et tout va bien. »

Sophie Bensadoun a également mis en lumière les aspects les plus frustrants de ce métier. Parmi eux, l’attente des financements ou des diffusions, qui peut être très longue et frustrante. Il est parfois difficile d’accepter que, malgré un travail acharné, les choses n’avancent pas, notamment lorsque les chaînes repoussent des diffusions à des dates incertaines. Sophie Bensadoun a souligné que, pour chaque nouveau projet, rien n’est jamais acquis : il faut repartir à zéro, chercher des financements et convaincre les diffuseurs. Cependant, elle accepte ces contraintes avec philosophie : « C’est des choses frustrantes, mais ça fait partie du jeu. »

L’échange s’est conclu sous les applaudissements chaleureux des élèves, certains se levant même pour saluer l’artiste.

« Moi, je sais que je veux faire un métier artistique. (…) Ça m’a permis de voir qu’il n’y a pas qu’une seule possibilité de métier dans le cinéma. (…) J’emporte plein d’idées pour mon futur et surtout dans mes choix d’orientation. » Justine C., élève de première

PRESSE

France 3 Limousin (Limoges) – 18 novembre 2024

NRJ Limoges 1 – 18 novembre 2024

NRJ Limoges 2 – 18 novembre 2024

Le Populaire du Centre – 25 novembre 2024