60 élèves / 3e / 1 professeur de mathématiques, 1 professeur de physique-chimie, 2 professeures de français et 1 professeure documentaliste
Naïla Guiguet, scénariste et DJ, est retournée avec un enthousiasme palpable dans son ancien collège de Verneuil-l’Étang en Seine-et-Marne, le collège Charles Péguy. Dès la sortie du RER, une vague de souvenirs a submergé l’artiste et Naïla Guiguet a décidé de faire un détour pour revoir la maison de son adolescence, reparcourant ainsi par la suite le trajet exact qu’elle faisait à l’époque.
Sportive et plutôt bonne élève, Naïla Guiguet garde un bon souvenir de son temps au collège, même si elle a rapidement avoué s’être beaucoup, beaucoup, ennuyée à Verneuil-l’Étang. Elle a souligné que c’est aussi une des raisons qui l’ont poussée à participer au dispositif et à revenir sur les lieux de son adolescence, pour expliquer qu’il est possible de s’ouvrir au-delà de cette banlieue « où il ne se passe pas grand-chose », mais aussi pour finalement se réconcilier avec ce sentiment car – a-t-elle insisté – c’est aussi ce qui l’a poussée à développer une passion pour les histoires, fréquentant alors assidûment les salles de cinéma pour assouvir son besoin d’évasion. C’est ensuite en fin de 3e que Naïla Guiguet a découvert par hasard, en bas d’une fiche d’orientation qu’on lui avait demandé de remplir, l’option cinéma-audiovisuel. Elle a ensuite poursuivi ses études au lycée de Chelles, où son intérêt pour le cinéma s’est consolidé avant de la conduire à intégrer La Fémis.
Durant deux heures, les élèves ont posé leurs questions à Naïla Guiguet, avides de ses précieux conseils en matière d’orientation mais aussi curieux de découvrir les coulisses du métier de scénariste, ainsi que ses projets.
Naïla Guiguet a commencé à travailler dans une société de production, en stage d’abord, puis en tant que chargée de développement (un poste qui permet de suivre les projets de films depuis l’écriture du scénario). C’est suite à une expérience délicate avec “un réalisateur d’une cinquantaine d’années” qui ne lui faisait pas confiance – question d’âge et de genre, a-t-elle supposé – et qui a demandé son CV qu’elle s’est décidée à s’inscrire à La Fémis. Initialement attirée par la réalisation, c’est grâce à la recommandation d’une connaissance de l’époque qu’elle a choisi de passer le concours de La Fémis en scénario, car supposé moins compétitif à l’entrée. Elle y trouvera sa voie. Elle a alors décrit aux collégiens le cursus comme très complet mais aussi particulièrement utile humainement : c’est là-bas que commence à se créer le réseau et c’est aussi un lieu de rencontre entre auteurs ; elle y a finalement rencontré des personnes avec lesquelles elle avait envie d’écrire ou qui voulaient écrire avec elle, donnant naissance à de futures collaborations.
Les élèves ont été aussi très curieux de ses inspirations et de la façon dont elle travaille. Naïla Guiguet a pris le temps de leur décrire ses propres processus de création, tout en précisant que chacun fonctionne différemment. Elle, par exemple, prend beaucoup de notes et ne s’interdit jamais lorsqu’elle a une idée d’interrompre ce qu’elle est en train de faire pour la noter, voire la développer. Elle a cité l’exemple d’une après-midi de collaboration avec Louis Garel, sur L’Innocent, lors de laquelle leur discussion lui a inspiré une idée pour un projet personnel. Un projet peut en nourrir un autre ! Elle a également précisé que pour elle, le plus dur ce n’est finalement pas d’avoir des idées, mais de se dire qu’elles peuvent valoir le coup d’y travailler !
Pédagogue, Naïla Guiguet a d’ailleurs profité de la discussion autour des procédés d’écriture et des inspirations pour aborder avec les élèves les différentes manières de travailler d’un scénariste : en écriture seul, en co-écriture, en atelier (principalement pour la télévision, milieu qu’elle reconnaît peu connaître) ou en consultation (en intervenant de manière plus ou moins ponctuelle sur le scénario d’un autre). A chaque explication Naïla Guiguet a essayé de joindre des exemples plus concrets, notamment en s’appuyant sur le film L’Innocent, pour lequel elle a reçu le César 2023 du Meilleur Scénario Original et qu’elle sait que les élèves ont eu la chance de découvrir en salle dans le cadre du dispositif, avant sa venue.
Enfin, au détour d’une question d’un élève qui se demandait qui était crédité quand on parle d’un « film de » Untel, Naïla Guiguet en a profité pour parler du réalisateur et aborder avec les jeunes les différents métiers impliqués dans la création d’un film, soulignant qu’il y a énormément de métiers techniques, des métiers de l’ombre que l’on connaît moins mais qui sont essentiels à la fabrication d’un film, citant notamment les chefs opérateurs, les cadreurs, les électros, ingénieurs son, les monteurs, etc.
Finalement assez à l’aise en présence de l’ancienne élève de Charles Péguy, les jeunes l’ont aussi questionnée sur l’élève qu’elle était à l’époque, ses matières préférées, ses notes, ce qui a changé depuis son passage dans l’établissement, mais aussi si elle a connu certains professeurs toujours en poste aujourd’hui…
Il y a d’ailleurs eu quelques rires à la mention de la professeure documentaliste, qui connaît bien Naïla Guiguet, a coordonné la rencontre, et semble encore appréciée des élèves. Tous semblent être repartis enchantés de ce temps d’échange privilégié avec une scénariste césarisée (et DJ, la nuit !).
Presse
L’Actu du Pays Briard – 18 mars 2024
BFM Île-de-France – 8 mars 21024
Le Parisien – 6 mars 2024
Radio Oxygène – 8 mars 2024