Anne Landois_©Aurélie Lamachère pour Série Series L'Émission
Anne Landois
Scénariste, showrunner
Collège Émile Zola, Igny (91)
7 mars 2024
On ne naît pas avec du talent. Le talent se travaille, il va se chercher.

60 élèves/ 4ème et 3ème /  1 professeur d’histoire-géographie et 2 professeures de français

La scénariste et showrunner Anne Landois était de retour dans son ancien collège, Emile Zola d’Igny (91), pour y rencontrer les élèves et évoquer avec eux son métier et son parcours. Ayant grandi dans cette petite ville d’Île-de-France, l’artiste a passé toute sa scolarité de collégienne au sein de l’établissement, de la 6ème à la 3ème. C’est donc avec une certaine émotion qu’elle y est revenue pour venir échanger avec une soixantaine d’élèves de niveau 4ème et 3ème. En amont de la rencontre, les élèves s’étaient préparés et familiarisés avec l’univers de l’autrice, visionnant la série La Promesse et étudiant le scénario fourni par l’association avec leurs enseignants. Anne Landois a évoqué avec les jeunes son parcours, discuté de son métier de scénariste, exposé la manière de concevoir un scénario, ainsi que tout le processus de création d’une série, de l’idée en passant par sa réalisation jusqu’à sa diffusion.

C’est sous le soleil qu’Anne Landois a commencé cette journée spéciale par une visite du collège. Malgré les constructions qui l’entourent désormais et les nouveaux coups de peinture sur les murs, les lieux lui sont encore très familiers. Après avoir parcouru les couloirs de son enfance et un repas au self, comme « au bon vieux temps », l’artiste est allée à la rencontre des élèves de 4ème et de 3ème, curieux d’en connaitre plus sur l’ancienne élève, sur sa série La Promesse qui a rencontré un grand succès auprès des jeunes si l’on en croit leur enthousiasme à l’interroger.

« C’est votre moment à vous, je suis là pour répondre aux questions », a commencé Anne Landois. « Qui connait bien le métier de scénariste ? » a-t-elle demandé en guise de préambule. Peu de mains se sont levées et ça tombe bien ; Anne Landois était justement présente pour en dire plus sur son métier partant d’une évidence : « aujourd’hui tout le monde regarde des séries, vous êtes vous-mêmes de gros consommateurs de séries ». Elle a alors expliqué aux collégiens que le métier de scénariste est la première petite pierre d’un édifice beaucoup plus large, puis présenté le scénario comme un objet qui sert à fabriquer un film ou une série, mais qui n’a pas vocation à rester un objet, car il s’agit d’une étape dans le processus de création d’une œuvre audiovisuelle. Et c’est pour cela que c’est un métier passionnant « mais pas simple » s’est confiée la scénariste, et qui mérite d’être valorisé auprès du public et notamment auprès de la jeune génération et des futurs artistes.

Suite à de nombreuses questions d’élèves concernant son parcours, Anne Landois a fait un petit retour en arrière. Elle a raconté avoir grandi à Igny où elle a fait toute sa scolarité de la primaire au collège (il y a une quarantaine d’années maintenant). Et dès la 3ème, sans vraiment trop savoir pourquoi, elle avait déjà envie de devenir scénariste. Elle se souvint aimer raconter des histoires, avec une imagination nourrie par de nombreux films et œuvres audiovisuelles qu’elle voyait à la télé, notamment du genre policier. Scénariste était donc le métier rêvé pour cette petite fille déjà plongée dans cet univers, sans avoir par ailleurs de contact dans ce milieu. « Je partais de zéro ». C’est avec honnêteté qu’elle a dit aux élèves ne pas savoir à l’époque s’il s’agissait d’un vrai métier ou d’un « don du ciel ». Mais elle a vite rassuré les élèves en leur expliquant que le talent n’est pas quelque chose d’inné. Il se travaille et va se chercher. Cette idée de devenir scénariste l’a suivie jusqu’en terminale, et elle a donc décidé de s’inscrire à l’université pour apprendre l’écriture et ses techniques. 

C’est à ce moment de sa vie qu’elle a fait la rencontre d’un enseignant en technique d’écriture de scénarios, qui l’a formée de A à Z, et surtout, qui lui a donné envie de croire en elle et en son rêve de devenir scénariste. “Mais alors, que se passe-t-il après la fac?”, l’ont interrogée les élèves … La scénariste a raconté que c’était à la fin de ses études qu’elle a commencé à écrire des fictions pour M6 sur des formats de 90 minutes. Et puis peu à peu, avec les années 2000 et l’arrivée massive des séries américaines, le format série a vraiment pris le dessus dans le paysage audiovisuel français, un milieu qui l’a vite captivée et passionnée, au point d’en faire son métier. 

C’est de manière pédagogue et toujours dans un échange réciproque que la rencontre s’est poursuivie. Anne Landois n’a pas hésité pas à solliciter les élèves pour interagir avec eux sur les sujets qu’elle a abordés, les questionnant sur leur niveau de connaissances liées à l’écriture, le milieu audiovisuel, la fabrication des œuvres et leur perception de sa série La Promesse qu’ils avaient visionnée.

 

Les collégiens n’ont eu aucun mal à répondre et ont même soulevé des points très pertinents. L’artiste est donc revenue sur une partie plus théorique comme sur les termes scénographiques propres à la série, les mécanismes de « manipulation des téléspectateurs » ou encore les techniques de narration dans les séries « policières », … Pour illustrer cette partie plus théorique, la scénariste a utilisé sa série La Promesse, et avait apporté beaucoup d’éléments d’illustration, des plans de travail et éléments de production, renforçant encore l’engagement des élèves.

Sont ensuite venues les questions plus subjectives, tournées sur les inspirations de la scénariste. Pourquoi écrire sur des sujets comme l’enlèvement ? Pourquoi raconter des enquêtes policières et judiciaires ? Anne Landois est revenue sur les figures, élèves et camarades de classe de son collège qui l’ont marquée et l’ont inspirée pour ses séries. L’artiste n’a pas hésité à confier son émotion de revenir sur les bancs de son collège, qui l’ont beaucoup inspirée et dont on retrouve quelques clins d’œil dans ses œuvres. Pour continuer sur les sources d’inspiration, elle a raconté aux élèves qu’être scénariste, c’est avoir sans cesse « les écoutilles ouvertes ». C’est se nourrir constamment de ce qui nous entoure pour le retranscrire en histoires, à travers des mots. C’est aussi sortir, explorer, rencontrer et discuter avec des personnes qui vont nous nourrir d’histoires, de conseils et faire fleurir notre imagination. La scénariste a raconté qu’elle était (et continue toujours d’être) en contact avec des policiers, gendarmes, procureurs et acteurs de la justice pour l’accompagner dans son écriture notamment sur les enquêtes criminelles et policières. « Pour moi, l’imagination ne pourra jamais venir assise dans ma chambre, j’ai besoin de bouger, d’aller à la rencontre d’histoires ».

« Combien de temps ai-je mis pour écrire les 6 épisodes de la série La promesse à votre avis ? » a demandé Anne Landois. « 3 semaines », « 6 mois », « 1 an », les réponses ont fusé et la consternation fut grande quand l’artiste a expliqué aux élèves qu’elle avait mis deux ans à écrire la série. Elle est alors revenue sur tout le processus d’écriture d’une série et les étapes à traverser. De l’écriture du pitch pour vendre son scénario à une chaîne de télévision, en passant par toute la phase de recherche des éléments de la série, la création des personnages et de l’intrigue jusqu’à l’écriture du scénario final, l’artiste a déroulé le fil conducteur d’un scénario et par extension, du quotidien d’un scénariste.

L’échange s’est conclu sous un tonnerre d’applaudissements des élèves conquis par cette rencontre aussi riche qu’inspirante, et ce fut même l’occasion pour certains de se faire dédicacer un petit mot par la scénariste.

Presse

Actu Essonne – 7 mars 2024