Nassim Baddag
Nassim Baddag
Danseur
Collège JF Oeben, Paris 12e (75)
20 Sept.
C'est un plaisir de partager mon expérience avec des élèves de mon ancien collège, en espérant que cela les inspire à aller loin dans leurs projets et dans leurs rêves.

63 éLèVES DE TROISIèME ACCOMPAGNéS PAR UNE PROFESSEURE DE FRANçAIS ET UNE PROFESSEURE DE LATIN


Une fois n’est pas coutume, c’est une enseignante en Lettres modernes du collège Jean-François Oeben qui a sollicité Un Artiste à l’École pour une intervention au sein de l’établissement. Après recherche dans les listes d’anciens élèves, nous y avons trouvé un artiste au parcours idéal pour une rencontre dans le cadre du dispositif. Nassim Baddag, danseur et ancien élève, a quitté l’établissement il y a une dizaine d’années. Fortement marqué par sa scolarité au sein du collège, il a réagi immédiatement et avec enthousiasme à notre proposition. 

C’est avec émotion que le danseur, dont les élèves ont pu découvrir le travail sur la scène du Théâtre de la Ville le dimanche précédant la rencontre, a franchi les portes de l’établissement qui fait toujours partie de son environnement, vivant toujours dans le quartier, sans toutefois y avoir remis les pieds depuis la fin de sa 3ème

Spectacle Il cimento
« Mes années collèges m’ont permis de découvrir le monde des compagnies de danse, de comprendre où est-ce que je voulais me professionnaliser et ça a une grosse ouverture pour moi » 
Nassim Baddag devant son ancien collège

Nassim Baddag a évoqué devant une assemblée d’élèves très impliqués son parcours depuis l’enfance, son goût pour la danse et l’ouverture d’esprit apportée par le collège, grâce aux nombreuses sorties culturelles proposées, aux voyages organisés, saluant l’importance des enseignants. Plutôt bon élève, notamment dans les matières scientifiques pour lesquelles il disposait de réelles facilités (information confirmée par son ancienne professeure de mathématiques présente lors de la rencontre), Nassim était un élève curieux. Il a suivi de nombreuses options (latin, danse), ce qui, a-t-il précisé aux élèves, lui a permis d’avoir accès aux voyages et à des horizons variés. Après le collège, il a suivi une filière scientifique, passant avec succès un bac option mathématiques. La danse, mais aussi le basket, ont fait partie de son quotidien, s’entraînant partout où il pouvait. 

À la sortie du lycée, il a pris le parti d’aller voyager, de découvrir le monde durant un mois. À son retour, il a tenté la fac, a fait plusieurs petits boulots, puis vint le temps du Covid 19. Déterminant à plusieurs égards. En effet, coupé de relations sociales, de la possibilité de voir des spectacles, de danser, Nassim a alors décidé avec son partenaire Arnaud Desprez, de danser dans la rue. Fortement impacté par le breakdance dont il avait fait sa spécialité, le duo a commencé à se produire dans la rue, à Montmartre, rencontrant un succès certain. 

Généreux en anecdotes, Nassim Baddag a ensuite égrené les souvenirs, les rencontres, jusqu’à ce casting « improbable » pour un film (auquel de son propre aveu il ne s’était pas vraiment intéressé, n’y croyant pas tellement). Nassim s’est toutefois rendu en Belgique sans savoir ce qui l’attendait, pour finalement y rencontrer l’un de ses chorégraphes fétiches mobilisé sur le film : Sidi Larbi Cherkaoui avec lequel il a travaillé, profitant de l’isolement offert par le tournage au Maroc pour nouer une relation profonde, le menant à danser avec sa compagnie dans le spectacle Nomad. Cette rencontre a été déterminante pour le jeune danseur qui est ainsi entré dans un cercle, lui permettant de travailler pour de grands artistes internationaux qui lui paraissaient totalement inaccessibles jusqu’alors. La sortie du film Backstage 2 ans plus tard et sa sélection dans de nombreux festivals, l’a ensuite mené jusqu’à Venise, puis l’Arabie Saoudite où l’artiste a été engagé pour danser lors de la cérémonie d’ouverture du festival du film. Un parcours fulgurant et international qui l’a mené ensuite à travailler avec l’une des chorégraphes de référence internationale qu’il admirait enfant : Anne Teresa de Keersmaker.

 

Nassim Baddag se produit en effet dans la pièce il cimento dell’armonia e dell’inventione avec la compagnie Rosas, tournant dans le monde entier, et sur la scène du Théâtre de la Ville, le réjouissant de pouvoir ainsi danser sur une scène française et exposer son travail devant sa famille et ses amis. 

L’artiste s’est longuement livré sur ses combats intimes, le travail de confiance en soi, sa relation parfois complexe avec ses parents loin des environnements artistiques et craignant qu’il ne s’engage dans une filière dans laquelle l’insécurité financière les inquiétait. Sa fierté lorsqu’il les a conviés à Rome pour assister à un opéra dans lequel il dansait, et la conscience que « tout peut s’arrêter demain ».

Nassim Baddag a terminé l’échange de 2h intense et sincère en rappelant les questions qu’il se posait en tant que collégien, les difficultés, les professeurs qui l’ont marqué, aidé, poussé, finissant par des conseils aux élèves « boostez-vous intelligemment » leur a-t-il dit. Intéressez vous à ce que l’on vous propose et « entourez-vous de bienveillance  ».

 « Inviter Nassim Baddag au collège Oeben dans le cadre d’Un Artiste à l’École, c’est une rencontre avec un gros supplément d’âme. Un artiste, un danseur qui revient sur ses pas… et des élèves en danse ou non qui, je l’espère, rêveront de marcher dans ses pas après cet échange forcément dynamique et inspirant » – Marie-Catherine Stoffel, professeure de Français, Collège Jean-François Oeben

 

« Peu de gens nous expliquent comment devenir artiste (…) C’est important qu’il y ait des gens qui puissent nous expliquer comment on peut réussir à le faire, qui nous montrent pas que les bons côtés mais aussi les difficultés. On sait à quoi s’attendre si on essaie » – Lou, élève de troisième