Marine Laclotte
Marine Laclotte
Réalisatrice
Collège Anatole France, Cadillac (33)
3 mars 2023
"Le court-métrage offre une grande liberté d’expression artistique et narrative."

187 élèves
accompagnés par 6 professeurs

Marine Laclotte, lauréate du César 2022 du Meilleur Court-Métrage d’Animation pour son film Folie Douce, Folie Dure, est retournée le temps d’une après-midi, sur les traces de son adolescence cadillacaise au collège Anatole France, retrouvant au détour des couloirs des bâtiments qui n’avaient pas changé, et d’autres, radicalement différents.

Marine Laclotte est revenue dans son ancien établissement à la rencontre de près de 190 élèves de 3ème, qui avaient tous pu découvrir en classe son court-métrage césarisé, la semaine précédant la rencontre. En ouverture, la réalisatrice s’est rapidement présentée, évoquant son enfance et sa jeunesse à Cadillac, puis ses études après son baccalauréat STI option Arts Appliqués. Elle a également expliqué aux élèves son choix d’option artistique alliée à un bac scientifique par le fait qu’à l’époque les élèves « bons de manière générale » étaient orientés vers un bac S, mais ses envies de dessin étaient déjà bien présentes. Amusée, elle s’est souvenue qu’elle redessinait déjà à ce moment là les bandes dessinées de son frère, d’Astérix et Obélix à Lucky Luke. Elle s’est, après le baccalauréat, orientée vers l’École Supérieure des Arts Appliqués et du Textile (ESAAT) à Roubaix, puis vers un DMA en cinéma d’animation, en deux ans, sur les conseils d’un de ses professeurs. L’animation, pour elle, c’était « une manière de mixer son envie de dessin et son envie de raconter des histoires ».

Marine Laclotte

Elle intègre finalement l’EMCA à Angoulême (école du cinéma d’animation) en section 2D puis un Master Créadoc, toujours à Angoulême. En sortant de l’école elle participe, comme un certain nombre de jeunes diplômés de cinéma d’animation à la collection En sortant de l’école, produite par Tant Mieux Prod : série d’animation qui propose à de jeunes réalisateurs et réalisatrices d’animation de mettre en image de célèbres poèmes. Elle travaille alors sur la saison dédiée à Robert Desnos. Après réflexion, Marine Laclotte a précisé que cette expérience lui avait sûrement permis d’être « directement » réalisatrice, sans forcément gravir les échelons plus traditionnels, petit à petit.

Les questions des élèves ont été nombreuses et ont rythmé la rencontre durant deux heures. Une fois le parcours de Marine Laclotte détaillé, les questions des élèves se sont vite orientées vers la construction d’un film, son coût et le temps que cela peut prendre, la manière dont elle a procédé, la recherche de financement, le choix du format court et ses inspirations. En effet, les institutions psychiatriques suivies par Marine Laclotte dans son film sont connues dans la ville et beaucoup d’élèves se demandaient pourquoi elle avait choisi un tel sujet et, surtout, pourquoi choisir de le traiter ainsi, par le biais du cinéma d’animation et non via un format documentaire plus traditionnel. La réalisatrice a répondu en évoquant son enfance et des souvenirs forts liés à ces patients qu’elle croisait régulièrement. Elle a notamment raconté ses souvenirs de marché, avec sa mère, assistante sociale, et ces personnes en marge ravis de

la voir, en recherche des interactions sociales et de la bienveillance qui pouvaient leur manquer au quotidien. Aux élèves inquiets de connaître la façon dont le film avait été reçu par ses sujets principaux, la réalisatrice répond en insistant sur l’importance de la bienveillance et de la justesse, justement, dans le choix du ton d’un film. Elle-même inquiète de la manière dont elle avait représenté les patients, elle s’est sentie particulièrement soulagée après avoir été témoin de la fierté que le film leur procurait.

Marine Laclotte
Marine Laclotte
Marine Laclotte

Certains élèves ont voulu connaître l’impact qu’un César pouvait avoir sur une carrière, notamment concernant la reconnaissance des pairs et la recherche de financement, mais aussi personnellement et sur son travail. Marine Laclotte a admis qu’une telle récompense lui a permis de prendre plus confiance en son travail et ses choix artistiques, mais sans pour autant changer ses objectifs de travail. Par ailleurs, a-t-elle tenu à préciser, il ne faut pas faire un film en s’imaginant uniquement la carrière qu’il pourrait avoir ensuite, il faut d’abord rester juste dans son intention, et faire le film que l’on veut faire.

La rencontre s’est clôturée par la traditionnelle question des projets futurs, l’occasion pour Marine Laclotte d’expliquer qu’une réalisatrice pouvait aussi travailler sur les projets d’autres personnes, avec un côté plus « technicienne ». Cependant elle développe aussi l’un de ses propres projets sur le même modèle de création que Folie Douce, Folie Dure, qui se déroule cette fois-ci dans une école agro-écologique, et s’intéressant au rapport à la nature des élèves ainsi qu’à une pédagogie plus orientée vers la coopération que la compétition.

PRESSE

Sud Ouest (web et papier) – 3 mars 2023
20 minutes – 6 mars 2023