Isabelle Jarry
Isabelle Jarry
Écrivaine
Collège-Lycée Jules Ferry, Paris 9e (75)
13 mars 2023
"Ne vous inquiétez pas, la vie met souvent sur votre chemin plein d’opportunités, il faut juste bien ouvrir les yeux !"

34 élèves

accompagnés par 2 professeurs

 

L’écrivaine Isabelle Jarry est retournée dans son ancien lycée, Jules Ferry, dans le 9e arrondissement parisien, à la rencontre d’une classe de 1ère. Les élèves avaient pu découvrir la diversité de ses romans ainsi que des extraits de Millefeuille de onze ans, qui revient sur l’année de ses onze ans et son arrivée en 6ème au sein de l’établissement dans les années 70.

Isabelle Jarry était particulièrement ravie de revenir dans ces lieux qui l’ont vue grandir, puisqu’elle a été scolarisée au sein de l’établissement durant 7 ans, toutes ses années de collège puis de lycée, et fascinée par le fait que le lycée soit resté quasiment identique 40 ans plus tard. « Le lycée n’a pas changé, c’est vous qui avez changé », s’amuse-t-elle auprès des élèves, qu’elle trouve à la fois très différents de l’élève qu’elle était, tout en soulignant que leurs préoccupations ne doivent pas être bien loin de celles de sa génération au même âge.

 

Isabelle Jarry
Isabelle Jarry

Désireuse de laisser la main de l’échange immédiatement aux élèves, plutôt que de résumer son parcours, Isabelle Jarry a répondu durant deux heures à un flot ininterrompu de questions, en évoquant son parcours, sa vie d’écrivaine, ses différents livres, sa formation, ses sources d’inspirations, ne se privant pas de confier conseils et anecdotes à une assemblée d’élèves enthousiastes et très curieux. La première de ses recommandations était d’ailleurs : “si vous voulez suivre une carrière artistique, surtout n’en parlez pas à vos parents”, faisant écho à son propre parcours, d’artiste contrariée dans ses jeunes années, ses parents l’ayant poussée à faire des études qu’elle a brillamment menées dans le secteur de la biologie avant d’assumer sa vocation d’artiste. 

Isabelle Jarry a plongé les élèves dans un récit dense et précis, évoquant la genèse de plusieurs de ses livres, sa rencontre avec Théodore Monod et les livres qu’elle a écrits autour de ses voyages avec lui, sa première rencontre avec Laure Adler qui l’a éditée, le parcours personnel qui l’a menée à écrire ce qui est l’un de ses plus grands succès de librairie J’ai nom sans bruit, ses envies encore un peu lointaines de cinéma, ainsi que de manière plus pragmatique la rémunération des auteurs, et la relation avec son premier éditeur qui a marqué sa carrière, ou encore “la solitude” de l’écrivain et ses futurs projets.

Isabelle Jarry

A l’un des élèves qui relève combien nombre de ses livres traitent de la marginalité (faisant le lien avec l’un des thèmes du baccalauréat cette année), elle acquiesce et atteste du fait que chaque auteur a un thème de prédilection, un sujet “qu’on a en soi”, en avouant cependant ne pas s’expliquer vraiment pourquoi ses livres mettent souvent en avant des personnages à la marge. Ajoutant que les artistes sont en quelque sorte des marginaux, puisqu’ils ont choisi d’être libres.  

Isabelle Jarry a ensuite expliqué comment elle procédait pour écrire, un processus loin d’être linéaire, les choix indispensables, et notamment celui d’une option narrative, et le fait qu’elle n’aime pas tellement terminer ses livres et avoir à quitter ses personnages. Selon ses mots, “un livre ça s’écrit mais ça se construit, déconstruit, reconstruit”…C’est beaucoup de travail et l’écrivaine précise qu’elle retravaille ses textes, une dizaine de fois au moins. C’est une des parties qu’elle préfère, la construction d’un livre. Elle aime aussi beaucoup choisir les noms : les noms de personnages (qui en disent beaucoup a-t-elle relevé; un nom peut être indicatif de beaucoup de choses : d’une classe sociale, d’une époque, d’une personnalité… ), mais aussi le titre du livre, illustrant les recherches de titres de ses romans par des exemples concrets de choix et de discussion avec son éditeur. Pour elle, ces choix sont deux étapes majeures de l’élaboration du livre, qui en disent beaucoup.

Enfin Isabelle Jarry n’a pas hésité à dispenser ses précieux conseils. Tout d’abord, sur le fait qu’à son sens, si l’on veut écrire, devenir auteur, il faut deux qualités essentielles : avoir beaucoup lu (elle a d’ailleurs été beaucoup questionnée sur les auteurs qu’elle aime, ceux qu’elle lit, et ses conseils de lecture, évoquant Faulkner, Tolstoï, Proust…) et être fin observateur. Mais aussi de manière plus générale sur la nécessité de faire ce que l’on a envie de faire au fond de soi, précisant que les métiers artistiques peuvent faire peur car ça ne semble pas être des carrières toutes tracées comme dans des voies plus « classiques », attirant l’attention des élèves sur l’importance de s’écouter. 

Isabelle Jarry