60 élèves accompagnés par une professeure documentaliste et un professeur
Accompagné de son épouse, également ancienne élève de la prépa Hypokhâgne au lycée Janson de Sailly, l’auteur-illustrateur Lionel Koechlin a fait son retour dans son ancienne école située dans le 16e arrondissement parisien. Près de 60 ans après avoir franchi les portes de l’établissement, l’artiste est revenu pour échanger avec une soixantaine d’élèves. Au cours de cette rencontre, Lionel Koechlin a partagé ses souvenirs, discuté de sa carrière dans le domaine de l’illustration et de l’édition, et a évoqué certains de ses nombreux livres publiés par des maisons d’édition renommées telles que Flammarion. Ce fut également l’occasion pour l’artiste de répondre aux questions des étudiants, nombre d’entre eux étant passionnés par les arts plastiques.
Lionel Koechlin a pu revisiter les lieux de son adolescence, qui ont depuis bien changé. De la bibliothèque étudiante, en passant par les salles de sciences au nouveau gymnase dans la cour de récréation, l’artiste a redécouvert ces lieux autrefois familiers. Puis vint l’heure de la rencontre avec les élèves dans la grande salle d’arts plastiques au milieu de dessins, de bustes en plâtre et pots de peinture.
L’auteur illustrateur a introduit l’échange en revenant sur son parcours scolaire et ses jeunes années de collège dans l’établissement. L’artiste a expliqué qu’à son époque, il n’existait pas d’option artistique et que les métiers dans l’art étaient des voies peu connues et empruntées. Jusqu’en Terminale, le jeune artiste aspirait à des études de médecine, passionné par ses cours de sciences. C’est un peu plus tard, lorsqu’il commençait à étudier la botanique, que Lionel Koechlin s’est rendu compte que ce qui lui plaisait réellement était de mettre de la couleur sur ses planches de botanique. Il a raconté que sa vie prit alors une toute autre tournure et qu’il se dirigea très rapidement vers une école de dessin, avant d’intégrer la prestigieuse Ecole des Arts Décoratifs. Une période de découverte et d’apprentissage artistique dont il garde encore, 50 ans après, de forts liens d’amitié.
Après la fin de ses études, son service militaire obligatoire, et une petite expérience dans un bureau de graphistes, Lionel Koechlin n’était pas heureux et a donc décidé de se lancer à son compte. Un travail par-ci, une commande par-là, il a raconté comment il a fondé les bases de son travail et sa carrière d’auteur illustrateur. Il a partagé avec les élèves les étapes qu’il a traversées, de l’écriture de son premier livre jeunesse, aux dessins de presse pour des médias allemands et japonais. L’auteur illustrateur compte aujourd’hui plus d’une centaine de livres jeunesse publiés, des illustrations de pochettes d’album, des affiches de cinéma, des animations, toujours avec une identité bien à lui et un style reconnaissable entre tous.
L’échange s’est ensuite poursuivi par de nombreuses questions des étudiants, curieux d’en savoir plus sur le monde de l’illustration, son quotidien, ou encore les étapes de création d’un livre jusqu’à son édition.
Lionel Koechlin est d’abord revenu sur le dessin comme une passion avant d’être un métier. « Est-ce que vivre de sa passion rend heureux ? » a demandé un élève. L’auteur illustrateur a répondu avec bienveillance et honnêteté que oui, le métier d’artiste peut procurer de très beaux moments. Il a donné l’exemple aux élèves de la fierté qu’il éprouve lorsque l’un de ses livres sort en librairie ou encore le plaisir de la création, de l’histoire aux illustrations, ses marches matinales dans les rues de Paris pour dessiner l’architecture de la ville… Mais il n’a pas hésité à revenir sur les moments plus durs qui existent dans n’importe quelle carrière professionnelle, notamment dans les métiers artistiques : syndrome de la page blanche et panne d’inspiration, refus des maisons d’édition, possibilité d’une instabilité financière… Néanmoins, l’artiste a rassuré les élèves en leur expliquant que si c’était à refaire, il le referait.
Après avoir étudié quelques œuvres de Lionel Koechlin en amont, ont demandé comment l’artiste avait construit et affirmé son style de dessin, décalé, géométrique et toujours teinté d’une pointe d’humour. L’auteur illustrateur a alors raconté qu’il s’était longtemps posé des questions autour de la peinture. Est-ce qu’il y a encore de la place pour la peinture après les grands mouvements d’aplat de couleur (Yves Klein, Pierre Soulage, …) ?
Finalement, Lionel Koechlin a raconté s’être tourné vers le dessin, un art plus “graphique”. Il est normal de se poser des questions, de tester, se tromper, changer, a-t-il assuré aux élèves encore incertains quant à leur avenir professionnel. L’artiste a également évoqué ses nombreuses sources d’inspiration avec les élèves ; des tapisseries de Bayeux aux artistes comme Jean Bosc ou le dessinateur de BD Fred, pour la plupart d’une autre génération que les jeunes étudiants n’ont pas connue.
L’artiste est aussi revenu plus longuement sur le processus de création d’une histoire et a expliqué aux élèves que ses livres sont souvent le fruit de souvenirs d’enfance, notamment des histoires qui se passaient dans le hameau de la maison de campagne de ses parents. Il n’a pas hésité à parler de sa vie personnelle qui a exercé une vraie influence sur son parcours d’artiste et les histoires qu’il a construites et mises en images.
Il a aussi indiqué se promener régulièrement dans les rues de Paris, très tôt le matin, à la recherche d’inspiration pour ses croquis de la ville. S’en est d’ailleurs suivie la production et l’édition du livre Croquis Parisiens, dans lequel l’artiste raconte ses réflexions lors de ses escapades et partage ses croquis de la ville. Lionel Koechlin en a profité pour encourager les élèves à se promener au bord de la seine avec un carnet pour dessiner et donner libre cours à leur créativité.
Enfin et à la demande générale, l’auteur illustrateur a réalisé un croquis en direct, sous le regard attentif des élèves. Minutieusement et avec cette assurance de dessinateur expérimenté, Lionel Koechlin a dessiné un personnage, fidèle à son style. Malgré « la mauvaise précision d’un dessin réalisé au feutre », le dessinateur a fini sous les applaudissements des élèves, conquis par cet échange passionnant.
L’artiste a conclu la rencontre sur un conseil qui lui a semblé primordial, pour tout jeune artiste en construction : « cultivez-vous ! ».
Une rencontre entre deux générations qui a mobilisé les esprits sur un sujet : celui de l’art.