
60 élèves de Troisième encadrés par 1 Professeure d’arts plastiques et 1 professeure de français
De retour au collège Lakanal à Foix, Julie Balagué a rencontré deux classes de troisième afin de présenter son métier et ses différents projets. Un moment particulier pour la photographe qui garde un souvenir éprouvant de sa troisième, période pendant laquelle elle a été victime de harcèlement scolaire.
Pour ouvrir la rencontre, Julie Balagué a expliqué son cheminement de sa troisième à sa profession de photographe. Plutôt bonne élève, elle a opté pour un parcours scolaire scientifique et, après son baccalauréat, a intégré une prépa, avec pour objectif de devenir vétérinaire. Animée depuis toujours par les arts et la musique, elle n’a alors plus de temps à accorder à cette passion à cause du rythme soutenu de ses études. Mais sa grande sœur a reçu à Noël un appareil photo numérique. Julie Balagué y a alors trouvé un nouveau moyen d’exprimer sa créativité, moins chronophage que ses anciennes activités. Elle a ainsi commencé à faire de la photographie, avec principalement des autoportraits et des photos de ses amis.
C’est en deuxième année de prépa qu’elle s’est rendue compte de son manque de motivation pour ses cours. Elle ne se voyait plus vétérinaire ni ingénieure agronome, car quelque chose d’autre l’attirait… Les fonds d’écran de l’ordinateur de son professeur de biologie l’ont alors interpellée : il s’agissait des photographies de mode. Son enseignant, la voyant intéressée, lui a confié qu’il avait été photographe professionnel avant d’atterrir ici et lui a recommandé l’école Louis-Lumière. Malgré la crainte de ses parents, Julie Balagué a écouté ses conseils et a passé les concours. Elle est entrée à l’école où elle s’est prise de passion pour le reportage en première année, se rendant notamment dans les milieux hospitaliers, les blocs opératoires, les services d’urgence… C’était une révélation : elle a abandonné l’idée de faire de la photographie de mise en scène pour se consacrer au documentaire.

En démarchant des organismes de presse, elle a obtenu ses premiers reportages en services hospitaliers. Mandatée par une rédaction, elle accompagnait un journaliste sur le terrain pour prendre des photos. Elle a également commencé à faire des portraits, travaillant notamment pour Le Monde. Pour la presse, elle ne peut pas travailler avec de l’argentique, car les photos doivent être livrées rapidement, ce que permet uniquement le numérique.
« Je me suis longtemps dit que la photographie, c’était un prétexte à rencontrer des gens. »
Alors, à côté de son activité de photographe de presse, Julie Balagué développe des projets personnels au long cours, un travail plus réfléchi et artistique qu’elle finance grâce à des bourses de création. Julie Balagué a évoqué quelques-uns de ses projets, dont Utopie Maladrerie, sur le quartier de la Maladrerie à Aubervilliers. Elle a également parlé de son projet sur le déni de grossesse. Avec pédagogie, elle a expliqué aux élèves ce sujet qui leur était, pour certains, inconnu.
Enfin, la photographe a présenté aux élèves Cette société d’enfants, son travail autour du harcèlement scolaire. La photographe a commencé par raconter son expérience personnelle importante : harcelée au collège en classe de troisième, cette période difficile a eu des répercussions durables sur sa vie, et la suit encore. Aujourd’hui, en revenant dans cet établissement, elle a encore éprouvé une forme d’appréhension.
Suite à un appel à projets lancé par le ministère de la Culture, elle a choisi de traiter ce thème en rencontrant plusieurs personnes victimes de harcèlement, recueillant témoignages et photographies. La photographe s’est également questionnée sur le harcèlement scolaire à l’heure des réseaux sociaux. Comme ce projet la touchait personnellement, elle a également eu besoin de raconter son histoire, exprimant son point de vue.
« Quand tu es artiste tout ce qui t’arrive dans l’intime te nourrit »


Parmi ses influences, Julie Balagué a cité le travail du photographe Jean-Robert Dantou, ainsi que le cinéma de Christophe Honoré. Interrogée par une élève sur ses prochains sujets, la photographe a mentionné son travail en cours autour d’un poisson, le silure, et ses rencontres avec des passionnés, aux bords de la Loire. Elle se penche également sur la notion de dissociation.
À la fin de la rencontre, une élève a confié avoir particulièrement été touchée par l’intervention de cette photographe, ayant également été victime de harcèlement scolaire. En quittant l’établissement, Julie Balagué s’est remémorée avec fierté le chemin qu’elle avait parcouru depuis sa période difficile au collège, elle qui n’aurait jamais pensé être photographe à l’époque.
Presse
La Dépêche – 28 mars 2025