125 élèves
Jean-Pierre Jeunet, réalisateur de renom connu pour son style cinématographique particulièrement reconnaissable, est retourné dans son ancien lycée nancéien pour y échanger avec près de 125 élèves, tous admiratifs du travail du réalisateur, qu’ils ont pu découvrir largement en classe à travers plusieurs courts métrages, le visionnage du film Un long dimanche de fiançailles et le making off de ce dernier.
Dès son arrivée en gare de Nancy, le réalisateur s’est replongé avec plaisir dans ses souvenirs de l’époque : ici se trouvait un cinéma, là la rédaction de l’Est Républicain ou encore à cet endroit, le bureau de presse où les jeunes venaient acheter le dernier numéro de Pilote – magazine bien connu des adolescents de l’époque – pour finalement le lire en cachette pendant certains cours.
La rencontre s’est ouverte sur une performance des élèves de la section Théâtre, Musique et Danse (TMD), qui avaient préparé pour le réalisateur un ciné-concert, sur l’une des scènes d’Un long dimanche de fiançailles. Impressionné et ému, le réalisateur n’a pas pu s’empêcher de les filmer, tout en les félicitant de leur talent. Ce ne sera pas là la dernière surprise que les élèves lui ont réservée : ils ont aussi repris en duo de guitares un des thèmes du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, l’orchestre a repris une scène emblématique de Délicatessen, un élève a interprété un morceau au piano et la rencontre s’est clôturée sur un autre bref ciné-concert de la scène de fin d’Un long dimanche de fiançailles.
Pendant deux heures les questions des élèves à l’attention du réalisateur ont fusé et il y avait en permanence plusieurs mains levées aux quatre coins de la salle. D’abord très impressionnés, les élèves ont vite été mis à l’aise par les traits d’humour sans pareil de Jean-Pierre Jeunet ouvrant la porte à une grande variété de questions.
Des questions sur ses années lycée, son « déclic » pour faire des films, son métier et comment il l’aborde, pourquoi il tourne souvent avec les mêmes acteurs, le « style Jeunet, ce que ça « fait » d’être appelé par Hollywood (pour tourner Alien Résurrection) l’évolution de sa pratique, et notamment son approche de la technologie, les plateformes, etc.
Le réalisateur, honnête et fidèle à lui-même, a répondu à tout avec humour et une sincérité désarmante. Cancre du fond de la classe et nul en maths, l’artistel a redoublé deux fois et a arrêté l’école à 16 ans. Il lui tenait ainsi particulièrement à cœur de revenir et d’insister auprès des élèves : il ne faut absolument pas écouter les professeurs…enfin, ceux qui vous disent que vous n’arriverez jamais à rien et que vous finirez mal, car selon lui tant que les élèves auront une envie, une passion, qui « les animent plus tout », tout ira bien pour eux. C’est là le message qu’il est venu passer, marteler presque : « Just do it. Faites le.»
A son époque, c’est d’ailleurs ce qu’il avait fait. Selon ses dires, quand il a compris qu’il suffisait d’énormément travailler pour faire des films, il a arrêté l’école et travaillé pour pouvoir s’acheter une caméra, puis il a commencé à faire ses films, à son échelle, avec ses idées et son inventivité.
Jean-Pierre Jeunet a aussi partagé la réalité du métier de réalisateur avec les élèves, sa complexité et les responsabilités que cela implique. Il a notamment expliqué aux jeunes que lorsqu’on fait un film il y a une montagne de décisions à prendre, chaque jour, et que celles-ci peuvent être classées dans 4 grandes catégories : les décisions financières, les décisions techniques, les décisions esthétiques et les décisions narratives. Il a également averti qu’il faut savoir garder un fragile équilibre entre son côté enfant, émerveillé et créatif, et son côté adulte, car il faut assumer beaucoup de responsabilités. Précisant que sur un film, on est comme un chef d’entreprise : il y a un budget à respecter et des centaines, parfois des milliers de personnes sous nos ordres !
Enfin, la rencontre s’est achevée sur un rapide débat autour des plateformes, leur fonctionnement, ce qu’elles ont changé mais aussi permis, parfois. Jean-Pierre Jeunet, qui révèle être assez friand de la technologie, a aussi interpellé brièvement les élèves sur l’intelligence artificielle et les a invités à réfléchir sur la façon dont ils allaient devoir s’adapter et pouvoir s’en servir, à l’avenir. Si la rencontre a dû prendre fin, un raz-de-marée d’élèves s’est dépêché de se presser autour du réalisateur afin de glaner, avant son départ une photo, un autographe ou même un ultime conseil… jeu auquel Jean-Pierre Jeunet s’est prêté avec bienveillance et amusement, heureux d’avoir pu transmettre un peu de sa passion et de son métier à la nouvelle génération. La relève semble assurée.
Presse
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