Coco
Corinne Rey (Coco)
Dessinatrice de presse
École Marianne Cohn, Annemasse (74)
1er déc. 2023
"Le dessin de presse part souvent d'une indignation et n'est jamais anonyme"

90 élèves de CM1 et CM2 avec leurs enseignants

La dessinatrice Coco était de retour dans son école primaire d’Annemasse où elle a pu échanger avec les élèves des classes de CM1 et CM2 lors de deux moments de rencontre. Les élèves avaient longuement préparé la discussion avec leurs enseignants, découvrant les dessins de l’artiste en classe ainsi que son parcours.

Coco a commencé par solliciter les enfants et leur demander quelles questions ils avaient, générant un flot de mains levées et une demande particulière sur sa technique de dessin. L’artiste a donc vite pris en main les feutres pour s’exercer à la caricature devant leurs yeux ébahis, expliquant par exemple qu’il faut partir des yeux, et prenant pour modèle Elisabeth Borne. 

L’artiste a ensuite expliqué de manière très pédagogue la différence entre dessin et caricature (« quand on dessine on est plus proche de la réalité, pour la caricature on s’empare des spécificités ») revenant sur les particularités de la caricature, celles du dessin de presse, évoquant son quotidien et expliquant en quoi consiste son métier. Coco a qualifié son travail de plus journalistique qu’artistique, justifiant cela par le rapport au réel plus qu’à l’imaginaire. Le dessin est pour elle un moyen d’expression. Les élèves se sont montrés très curieux de découvrir le parcours de l’ancienne élève, ses sources d’inspiration, et fascinés par son aisance à croquer le visage de la directrice ou celui du Président de la République. L’artiste, tout en illustrant ses propos par des dessins tout au long de la rencontre, a évoqué son rapport aux personnalités publiques et à l’actualité, sa relation à Cabu et à Charlie Hebdo.

Coco a partagé avec les élèves ses souvenirs et son parcours depuis la sortie de l’école Marianne Cohn ; après des études de littérature et une option arts plastiques, Corinne Rey a intégré une école de Beaux-arts à Lyon puis Poitiers. C’est là qu’elle a appris à cultiver une démarche artistique. Elle a ensuite commencé à travailler sur les faits divers et l’un de ses professeurs lui a alors recommandé de se rapprocher de Charlie hebdo, ce qu’elle a fait, y décrochant un stage qui fût déterminant dans son parcours.  

Après son stage à Charlie l’artiste s’est installée à Paris et a continué d’apprendre. En 2011 elle a commencé à vivre du dessin de presse, travaillé avec Arte (28 minutes) puis Les Inrocks où elle a succédé à Luz, apprenant ainsi son métier grâce à et sur plusieurs supports. Coco est également revenue sur son travail actuel pour le quotidien Libération dans les pages duquel elle croque l’actualité. Détaillant son parcours, elle a souligné pour les élèves l’importance selon elle de toujours continuer à apprendre, s’améliorer. Un élève l’a interrogée sur son premier dessin « vendu », qui était une caricature de Laure Manaudou pour Charlie Hebdo.

L’artiste a évoqué son goût pour le fait de passer d’un dessin personnel, intime, pour pouvoir ensuite toucher des lecteurs, le fait de s’adresser à des gens, de voir son dessin publié. Interrogée sur les personnes qui l’ont inspirée ou aidée dans son parcours, Coco a beaucoup évoqué le dessinateur Cabu qui lui a appris beaucoup et a été une source d’inspiration, ou encore Wilhem dont elle a salué le talent graphique et le génie pour rendre accessible et avec humour des sujets ou situations géopolitiques complexes, relatant des anecdotes. 

Questionnée sur ses dessins, l’artiste a évoqué le cadre dans lequel elle dessine pour le journal Libération, le choix du travail en noir et blanc, le travail des ombres, des contrastes pour attirer l’œil, faisant également référence aux mangas (citant par exemple One Piece).

Après la question de l’un des élèves sur l’attentat de Charlie Hebdo, l’artiste a rebondi sur le fait que le dessin a permis de chasser les mauvaises pensées, parlant du besoin de reconstruire le journal, de continuer à dessiner pour dire que le terrorisme ne gagne pas et ne gagnera jamais, et l’importance de ne pas céder et défendre des valeurs, pour dénoncer. Coco a expliqué l’attentat de manière pédagogique, la réaction des enfants s’est faite immédiate : « tuer pour des dessins ?! ».

Enfin les élèves ont été plusieurs à évoquer la fresque réalisée récemment par Coco sur le mur extérieur du théâtre du collège d’Annemasse, déclenchant énormément de questions. L’artiste leur en a expliqué l’origine, ses sources d’inspiration, expliquant par exemple s’y être dessinée à côté de son père et évoquant le dessin du Renard en hommage à Monsieur Renard, professeur de théâtre.

Tout au long de son intervention, Coco a dessiné pour illustrer ses propos, faisant également dessiner les enfants afin de leur montrer concrètement les choses, se prêtant même au jeu de sa propre caricature à la demande des élèves qui sont repartis plus qu’enthousiastes (et des dessins plein les mains) après une rencontre intense et toute en dessins. 

 

La Presse