90 élèves de l’option cinéma-audiovisuel (seconde, première, terminale) / une professeure documentaliste et un professeur de l’option et spécialité cinéma-audiovisuel
Dans le cadre du partenariat entre l’Académie des César et Un Artiste à l’Ecole, le superviseur VFX Jean-Louis Autret, lauréat du César des Meilleurs Effets Visuels 2024 pour Le Règne animal, a été invité à retourner dans son ancien établissement, le lycée Pierre Corneille à Rouen.
Lors de sa visite, Jean-Louis Autret s’est baladé sur le campus du lycée, se remémorant quelques moments de son adolescence. Élève peu assidu, il conserve néanmoins de précieux souvenirs des amitiés tissées en classe. Un lien personnel l’attache également à cet établissement, puisque ses parents, tous deux enseignants, s’y sont rencontrés. Cette visite a également été l’occasion pour le professeur d’enseignement cinéma-audiovisuel, organisateur de la rencontre, de faire découvrir à Jean-Louis Autret les locaux du BTS audiovisuel, situés dans les mêmes bâtiments.
Après une projection de Le Règne animal, les élèves ont pu poser leurs questions à Jean-Louis Autret. Celui-ci a notamment évoqué son parcours professionnel, riche et inspirant. Initialement attiré par le métier de cadreur, il a débuté par une formation courte dans une école privée. Il a ensuite travaillé pendant cinq ans comme assistant caméra sur des publicités et quelques longs métrages, tout en développant un vif intérêt pour les outils numériques, en autodidacte, grâce à des ouvrages spécialisés américains. C’est après une formation sur le logiciel de compositing Nuke – qu’il décrit comme « hyper stimulant et assez dur techniquement » – qu’il a rejoint le studio Mac Guff. A cette époque, beaucoup de professionnels français des VFX partaient à Londres pour travailler sur les Harry Potter. Jean-Louis Autret, quant à lui, a été nommé superviseur VFX sur Taken 3 puis sur une série, avant de poursuivre sa carrière en accompagnant des réalisateurs en tant que superviseur VFX sur leurs projets.
Revenant sur son expérience d’assistant caméra, il souligne : « Avoir connu l’aspect caméra avant m’a donné une certaine maturité ».
Énergique et généreux dans ses explications, le superviseur VFX a décrit son rôle dans la préparation et le tournage de Le Règne animal. Il a expliqué qu’il devait d’abord évaluer les besoins pour les effets visuels, puis, une fois sur le tournage, s’assurer que tout était en place pour y répondre. Par exemple, pour les scènes impliquant l’homme-oiseau Fix, il a dû prévoir des caméras supplémentaires afin de capturer plusieurs angles de prises de vue, ce qui facilitait ensuite la création des effets visuels. La gestion des créatures a été répartie entre les superviseurs VFX : Cyrille Bonjean s’est chargé de Fix et de Grenouille, tandis que Bruno Sommier a travaillé sur les autres créatures.
Jean-Louis Autret a également partagé avec les élèves des photos du tournage, des images de l’animatronique du morse, ainsi que des prévisualisations 3D de certaines séquences.
« Mon métier, c’est d’aider à mettre en images des idées abstraites, de proposer toutes les solutions possibles grâce aux outils numériques de visualisation (…) On a la capacité de raconter quelque chose que l’on n’a pas pu tourner. »
Lorsqu’un élève a demandé quelles avaient été les difficultés rencontrées sur Le Règne animal, Jean-Louis Autret a souligné que ce projet représentait un défi de taille. Du côté des producteurs, le financement a été complexe, et pour l’équipe VFX, la conception des nombreuses créatures paraissait abstraite en phase de préproduction. Dès le départ, il savait que son poste nécessiterait une charge de travail considérable. Il a également insisté sur l’importance de la coordination avec les autres départements, comme le maquillage, les costumes ou les cascades, tout en intégrant le jeu des acteurs dans la création des effets visuels. Les contraintes budgétaires ont également pesé sur la production, nécessitant des ajustements : certaines scènes ont été supprimées et, dans le cas du morse, l’animatronique a été privilégié à une version entièrement en synthèse.
Interrogé sur l’impact du César sur sa carrière, Jean-Louis Autret a partagé la joie qu’il a ressentie en recevant cette récompense. Il a expliqué que ce prix lui allouait désormais une reconnaissance qui renforçait la confiance en son travail, dans un milieu où les critiques sur les VFX sont parfois difficiles à recevoir.
En deux heures, la discussion a également tourné autour de nombreux sujets liés aux VFX : les logiciels utilisés, la spécialisation des studios, le compositing 2D, la modélisation 3D, l’IA et le champ d’expérimentation qu’elle propose.
« J’ai trouvé que la rencontre m’a aidé à mettre des mots sur ce que j’ai pensé du film, et m’a éclairé. » – Wilhelmina, élève de Terminale
Pour conclure la rencontre, les élèves ont pu admirer avec enthousiasme le fameux César que Jean-Louis avait apporté pour l’occasion. Ce moment marquant a sans doute éveillé davantage leur intérêt pour le cinéma, en leur offrant un aperçu concret d’un métier à la fois technique et créatif.
« Ce fût un plaisir de vous accueillir et un excellent moment pour nous aussi, les lycéens étaient ravis et je pense que la présentation de Jean-Louis a renforcé leur intérêt pour le cinéma. Partager avec eux des aspects techniques de son métier, du film qu’ils venaient de visionner en plus, a contribué à dynamiser la rencontre. Et je pense qu’ils n’oublieront jamais avoir tenu un César dans leurs mains en souhaitant bien sûr que ce ne soit pas la dernière fois pour certains. Peut-être reviendront-ils alors au lycée à leur tour ! » – Cécile Ogier, professeure documentaliste du Lycée Pierre Corneille
Crédit photo : Vincent Mottez pour l’Académie des César 2024