Damien Bonnard
Comédien
Collège en Bagatelle, Tournus (71)
6 mai 2024
Ce qui compte, ce n’est pas tant l’argent, mais plutôt le bonheur de se lever chaque matin faire ce que l’on aime.

105 élèves / 4ème / accompagnés par une professeure documentaliste et deux professeurs de français

Damien Bonnard a passé deux années de sa scolarité, de la 6ème à la 5ème, au collège en Bagatelle à Tournus, un petit village au sud de la Bourgogne, et dans lequel il est revenu le lundi 6 mai 2024. Malgré le passage des années et la construction de nouveaux bâtiments, l’artiste a vite repris ses marques, reconnaissant les couloirs, les couleurs et l’atmosphère de son ancien établissement, trouvant toutefois la cour de récréation bien moins imposante à travers son regard d’adulte que lorsqu’il était enfant ! Damien Bonnard y trouva une occasion de se remémorer de vieux souvenirs, évoquant avec amusement ses bêtises d’enfant.

« Prenez vos livres à la page 152 », a-t-il attaqué la rencontre avec humour. Ayant été scolarisé de la 6ème à la 5ème dans l’établissement, Damien Bonnard a raconté avoir été à la place des élèves dans les années 90, leur confiant qu’il est ensuite parti dans un autre collège pour y effectuer sa 4ème et sa 3ème avant d’arrêter ses études. Pas très “scolaire”, selon ses termes, il ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire plus tard. L’acteur  a expliqué que pour gagner sa vie, il s’est d’abord engagé dans plusieurs petits boulots dans la maçonnerie, et a été pizzaiolo. Puis un jour, ses parents lui ont demandé : « Si tu avais le choix, qu’aurais-tu envie de faire ? » Il leur a alors répondu qu’il voulait être artiste. C’est ainsi que Damien Bonnard s’est retrouvé à passer, sans le diplôme du Bac, un bac + 6 aux Beaux-Arts. S’en sont suivies quelques autres années de boulots divers et variés jusqu’à ce qu’il se tourne vers le cinéma. Ayant une image au départ fantasmée du métier d’acteur, il a raconté aux élèves avoir commencé à rêver du milieu du cinéma et a décidé de travailler à y trouver sa place.

Damien Bonnard est revenu avec honnêteté sur le temps que cela lui a pris de devenir comédien, et d’en vivre. Il n’a pas fait d’études de cinéma, il n’avait pas de relations dans le milieu. L’artiste a commencé par faire de la figuration, puis il a joué dans une quarantaine de courts métrages jusqu’à se faire repérer par des réalisateurs qui ont donné un coup d’accélérateur à sa carrière. La leçon de l’artiste est donc de persévérer. De commencer en bas et de gravir les marches, les unes après les autres afin de se rapprocher un peu plus de son rêve et « trouver l’endroit où vous pouvez être vous-même ».

Le comédien a évoqué l’importance de s’explorer : « Ce qui est important dans la vie, c’est de trouver ce qui compte pour vous ». Il a dit aux collégiens qu’il avait adoré être sur les chantiers. Il a aimé tester divers métiers dans différents secteurs, rencontrer des personnes différentes, et surtout : « s’ennuyer ». Damien Bonnard a insisté sur la nécessité de s’ennuyer définissant ce verbe comme la capacité à se détacher de son téléphone, devenir observateur de son environnement, comprendre et regarder ce qui nous entoure. Et c’est tout cela qui nourrit notre imaginaire, ça nous inspire et ça nous guide, a-t-il dit aux élèves.

Interrogé sur la question de sa rémunération, l’artiste a expliqué que celle-ci dépend de différents facteurs : le budget du film, la notoriété de l’acteur, son ancienneté … précisant aux élèves l’existence du statut d’intermittent du spectacle qui permet de toucher le chômage en dehors de périodes de tournage – « ce qui peut souvent être le cas quand on attend des castings » a confié l’artiste. L’acteur a ensuite précisé que l’argent n’est pas essentiel par rapport au bonheur de se lever tous les matins pour faire un travail qu’il aime et qui l’anime.

« Vous arrive-t-il d’aller au cinéma voir vos films ? » l’a interrogé une élève. « « Tous les soirs », a dit Damien Bonnard en plaisantant. Mais plus sérieusement, oui, il a raconté aller voir chacun de ses films lorsqu’ils sortent au cinéma, pour découvrir l’œuvre finale, le travail de tous les autres dont il n’a pas pu être témoin, rappelant qu’un film est avant tout une œuvre collective. Il a aussi évoqué l’importance d’être présent lors des avant-premières, car ce système participe à la notoriété des acteurs, à leur visibilité, tout en contribuant à la promotion des œuvres dont le succès est important pour la suite de leur carrière.

Une élève a questionné l’artiste sur la difficulté de jouer le rôle d’un père et mari bipolaire dans Les Intranquilles. Bizarrement, il a raconté que c’est l’un des films pour lequel il a le plus travaillé mais sur lequel il a eu beaucoup de plaisir à s’investir. 

 

Il n’a donc pas mal vécu ce rôle car il était pleinement investi sur le sujet, l’histoire, et a précisé que ce rôle lui a beaucoup apporté personnellement. Damien Bonnard a précisé que même si ce métier est très prenant, il se passionne pour les sujets, les personnages, les histoires avec beaucoup de plaisir. Pour Les Intranquilles, il a par exemple dû apprendre à peindre, passer un brevet de navigation, ou encore s’initier à la boxe pour se préparer au changement d’état entre le bonheur et la dépression induite par le rôle du malade. Il a également passé des mois aux côtés de patients atteints par cette maladie dans des hôpitaux. Ce rôle, a-t-il précisé, lui a ouvert de nombreuses perspectives, des connaissances et une conscience accrue d’une maladie souvent mal appréhendée par le public, le laissant plus riche après le film.

« Est-ce difficile de sortir de son rôle après le tournage ? ». L’acteur a en quelque sorte éteint le mythe et répondu que, non, pas du tout. Il a raconté qu’il n’avait jamais eu de difficulté à sortir des personnages mais qu’il reste toujours quelque chose d’eux en lui : des connaissances, des savoirs, des expériences. Sur une petite touche d’humour, il a précisé garder un doigt tordu suite à un tournage.

Enfin, un élève a demandé à l’artiste quelle est la plus grande peur qu’il a dépassée durant un tournage. Damien Bonnard a alors évoqué qu’il avait affronté sa peur en faisant du galop et en montant à cheval pour la première fois.

 

Il a également évoqué un tournage lors duquel il avait dû nager en pleine mer pour une scène, malgré sa crainte de l’eau. Cette anecdote a illustré à merveille la nature exigeante du métier d’acteur, où surmonter ses propres limites est souvent nécessaire. Pour l’artiste, l’idée de nager en mer était autrefois impensable, mais cette expérience montre combien ce métier est fascinant, non seulement pour les défis qu’il pose, mais aussi pour les découvertes qu’il offre, que ce soit de nouvelles activités, des sujets, des thématiques, ou encore des défis personnels à relever.

La rencontre, enrichissante et passionnante, a, de leurs propres mots, marqué les élèves leur ouvrant une perspective éclairée sur le métier d’acteur et sur l’univers du cinéma.

Presse

Le Journal de Saône-et-Loire – 12 mai 2024