70 élèves
accompagnés par 1 professeure
Bettina Rheims, photographe renommée et reconnue, est retournée au sein de l’École Alsacienne, dans laquelle elle avait passé 3 ans, de la 3ème à la 1ère, y compris toute la période de Mai 68, dont elle garde un souvenir ému. En effet la photographe se rappelle particulièrement la liberté incroyable qui régnait en cette école, et les professeurs qui les emmenaient aux manifestations de Mai 68 puis leur faisaient cours dans les jardins du Luxembourg !
Avant la rencontre, l’admiration et l’impatience des élèves étaient palpables. Les élèves ont pu découvrir la longue carrière de Bettina Rheims, ainsi que certaines de ses séries photographiques plus en détails, en classe, avant sa venue. Cette dernière a ouvert la rencontre en expliquant un peu son parcours : élève à la fin des années 60, Bettina Rheims est arrivée à l’École Alsacienne car elle a été renvoyée de son précédent lycée, Victor Duruy, où elle s’était amusée en cours de couture à broder une tête de mort…anecdote qui a beaucoup amusé les élèves !
Elle découvre la photo pendant les 3 mois entre son renvoi de Victor Duruy et son entrée à L’École Alsacienne. Il a fallu qu’elle « s’occupe » et trouve un travail, et devient alors tireuse : elle tirait les photos pour un magazine. La photographe a précisé le très bel apprentissage que cela a alors représenté pour elle, le tirage des photos permettant d’apprendre la technique, la lumière, etc. Finalement, Bettina Rheims a passé son Bac en candidate libre et s’est éloignée un temps de la photographie, y préférant d’autres projets variés. Revenant sur son parcours, elle a expliqué le hasard qui lui a finalement fait suivre une amie à elle, traductrice pour un éditeur mais aussi strip-teaseuse, à Pigalle, y trouvant là une inspiration pour une première série de photographies. Et plus tard, la proposition qui lui a été faite de monter pour une exposition à Beaubourg. Sa carrière, Bettina Rheims estime qu’elle l’a menée de manière peu conventionnelle. En effet, à l’époque la pratique photographique était assez cloisonnée : on faisait de la photo de mode, de commande ou d’art, mais pas tout à la fois. Esprit libre, la photographe n’a jamais choisi et a préféré suivre ses envies.
Bettina Rheims s’estime avoir été très chanceuse dans sa vie. Pour elle, ses rencontres – fruits du hasard ou non – l’ont beaucoup aidée dans sa vie et sa carrière. Elle a notamment évoqué la rencontre d’Helmut Newton, qui l’a prise sous son aile, comme celle d’une élève avec son « maître ». Elle a par ailleurs expliqué aux élèves qui lui semblait important pour un artiste de se trouver « un maître », une inspiration, un guide…Elle aussi précisé que la période était différente : elle est devenue photographe dans un monde où tout était possible, où le chômage n’existait pas et la concurrence était moindre par rapport à notre époque, où tout le monde a plus facilement accès à du matériel pour faire des photos (elle cite évidemment les smartphones), etc…
La discussion a évolué autour de grands thèmes qui semblaient revenir chez les jeunes, curieux d’apprendre de la photographe et de son engagement : le choix de ses sujets, sa vision autour des questions de genres (qu’elle a beaucoup interrogées dans sa photographie) et leur évolution, la « vie d’artiste », le féminisme et ses rencontres incroyables. Bettina Rheims s’est prêtée au jeu des questions sans détour et a partagé honnêtement sa vision de la vie d’artiste, avec les avantages et inconvénients que celle-ci peut offrir.
Intéressée également par son audience, Bettina Rheims n’a pas hésité à apostropher les élèves, leur demandant leur avis et les interrogeant sur leurs pratiques artistiques. A la fin de la rencontre, quelques élèves n’ont pas hésité à venir échanger brièvement avec l’artiste pour lui manifester leur enthousiasme suite à cette conférence, qui semble avoir fait des émules.
