Valérie Donzelli a lancé la discussion en précisant que ses années lycée ont été ses années scolaires préférées. C’est « une période où l’on a l’impression d’être presque adulte, tout en étant à un endroit de jeunesse ». À l’époque, elle ne s’imaginait pas, un jour, réaliser des films :

« La vie est pleine de surprises et, quand on a votre âge, on peut avoir de grands rêves, on peut hésiter, on peut se tromper. »

 

Après avoir décroché son bac – le seul diplôme qu’elle a obtenu avec le permis, précise-t-elle –, Valérie a entamé des études d’architecture à Paris. Une des raisons qui l’ont poussée à faire ce choix était son envie d’habiter la capitale. Ayant l’impression de ne pas avoir « assez de foi pour faire de l’architecture », elle a décidé de tout arrêter pour se lancer dans le théâtre… Et c’est son goût pour le jeu qui l’a attirée vers la scénarisation. Elle s’est alors mise à écrire ses propres histoires pour pouvoir jouer. Elle a appris le métier de scénariste en pratiquant, expliquant, par exemple, aux élèves sa découverte du principe d’ellipse dans un récit.

« Le cinéma est un endroit de liberté où l’on invente ses rêves. »

 

La réalisatrice a mentionné aux élèves différentes voies pour arriver à un métier dans le cinéma. Pour sa part, elle n’a pas fait d’école, mais elle a cité la Cinéfabrique, la Fémis et d’autres écoles en Belgique. Certains lycéens ont partagé leur envie de se diriger vers la réalisation et la scénarisation.

Les élèves ont posé de nombreuses questions à Valérie Donzelli, en commençant par le processus de création de son film, L’amour et les Forêts, ainsi que son parcours général et ses autres réalisations, comme La guerre est déclarée. 

Concernant l’adaptation de l’ouvrage L’amour et les Forêts, qui lui a valu le César 2024 de la meilleure adaptation, Valérie Donzelli a précisé que, dans cette intrigue, le potentiel d’un thriller psychologique l’a particulièrement attirée, car elle voulait s’essayer à un nouveau genre. Elle a souhaité changer le point de vue ainsi que la fin afin d’offrir une issue positive, qui nous aide à y croire, à être optimiste.

Lorsqu’elle a échangé avec son compositeur musical, ce dernier avait du mal à percevoir l’amour dans cette histoire et, par conséquent, à imaginer ce thème pour sa composition.

Les élèves ont posé des questions sur La guerre est déclarée, film inspiré de son histoire personnelle. La maladie de son fils a changé son rapport à la vie et à l’adversité. À l’époque, elle a eu le réflexe d’écrire tout ce qui se passait, notamment pour son fils quand il sera grand. Puis elle a voulu en faire un film, pour elle et sa famille, mais également pour remercier le personnel de l’hôpital et mettre en lumière le système de santé français. Elle a récemment appris que le DVD de La guerre est déclarée était donné aux parents traversant la même épreuve avec leur enfant, ce qui l’a beaucoup touchée. 

Valérie Donzelli a posé des questions aux élèves concernant les films qu’ils regardaient et leurs critères de sélection (histoire, acteur, genre…). Elle a conseillé aux élèves de voir Vingt dieux de Louise Courvoisier, ainsi que Le Livre des solutions de Michel Gondry. 

Questionnée sur la compatibilité d’une vie familiale avec son métier de réalisatrice, Valérie Donzelli précise que le quotidien peut être compliqué, mais elle fait des choix afin d’être présente pour sa famille. Par exemple, elle souhaite que ses films se tournent à Paris, pour ne pas partir plusieurs mois en tournage, et choisit de ne pas faire de projets durant l’été.

Le meilleur conseil qu’elle peut donner ? « S’écouter soi-même, être honnête, faire des choses pour les bonnes raisons. »
La rencontre s’est clôturée par la projection d’une dizaine de courts métrages réalisés en stop motion par les lycéens, inspirés de scènes de l’Amour et les Forêts !

Crédit photo :  Robin Archaux pour l’Académie des César 2024