Deux classes de seconde (67 élèves) / une professeure documentaliste et deux professeurs de lettres
La rencontre s’est ouverte sur une présentation d’Ariane Daurat, qui avait préparé un PowerPoint pour parler de son métier de cheffe costumière et de son travail sur le film Le Règne animal. Tout au long de sa présentation, elle a également évoqué son parcours et les expériences qui l’ont amenée à exercer ce métier.
Ariane Daurat a expliqué que son intérêt pour les costumes est né lors de son stage de troisième chez une costumière. À cette occasion, elle a cousu des plumes sur une tenue pour un spectacle aux Folies Bergère. Voir son travail porté sur scène a été un moment marquant pour elle, et c’est à ce moment-là qu’elle a su qu’elle voulait poursuivre cette voie.
Après le bac, elle a suivi une formation en école de mode, où elle a appris les bases du modélisme et de la couture. Cependant, elle a insisté sur le fait que ce sont ses stages qui lui ont permis de véritablement apprendre le métier. En travaillant sur des films comme Mesrine de Jean-François Richet et Un Prophète de Jacques Audiard, elle a acquis des compétences pratiques tout en établissant des relations professionnelles clés. Elle a souligné l’importance de ces rencontres pour sa carrière : « J’ai pu rencontrer les bonnes personnes au bon moment. »
Progressivement, Ariane Daurat a évolué dans ce milieu, débutant comme habilleuse, puis costumière, avant de devenir cheffe costumière. Elle a notamment collaboré avec Thomas Cailley sur son premier long-métrage, Les Combattants, avant de travailler à nouveau avec lui dix ans plus tard sur Le Règne animal.
La cheffe costumière a détaillé les différentes étapes de la préparation et du tournage de Le Règne animal. Elle a expliqué que pour concevoir les costumes contemporains uniquement, deux mois et demi de travail avant le début du tournage ont été nécessaires.
Pour le personnage d’Emile, joué par Paul Kircher, Ariane Daurat a raconté avoir fait des recherches sur le style vestimentaire des lycéens d’aujourd’hui afin de développer ses inspirations et de rajeunir l’acteur, qui est un peu plus âgé que son personnage. Après cette phase de recherches, elle a expliqué qu’il fallait trouver les vêtements : les chiner, les louer ou encore patiner les tenues neuves pour qu’elles semblent déjà portées. Vient ensuite l’étape des essayages avec les comédiens, une phase cruciale qui permet d’obtenir leur validation et de s’assurer qu’ils sont à l’aise dans leurs costumes. Elle a montré des photos d’essayages pour illustrer ces moments. Un essai filmé est également réalisé avant le tournage pour voir le rendu des costumes à l’image et ajuster les détails si nécessaire.
Ariane Daurat a ensuite évoqué la création des costumes des créatures, un processus collaboratif entre l’équipe des costumes, les effets spéciaux et l’équipe de maquillage. Elle a expliqué qu’avant leur intervention, Thomas Cailley et son équipe avaient imaginé chaque créature et leur évolution dans le film grâce à un storyboard, dont elle a montré quelques extraits.
Pour élaborer ces costumes, de nombreux essais ont été réalisés avec des tissus spéciaux aux couleurs vertes, bleues ou grises, conçus pour permettre l’ajout des effets spéciaux en postproduction. Ces tests ont permis d’assurer une cohérence visuelle entre les différents éléments.
Le choix des couleurs a également été un aspect crucial du travail d’Ariane Daurat. Par exemple, pour le personnage d’Emile, elle a expliqué que les couleurs de ses costumes évoluent en fonction de son développement au fil de l’histoire. Avant sa transformation, il porte des couleurs vives comme le rouge et le bleu. Mais à mesure que son personnage change, ses vêtements deviennent de plus en plus sombres. « On part du personnage et on essaie de le faire évoluer, grandir en fonction du scénario. » Pour les autres costumes, l’équipe a opté pour une palette de couleurs discrètes afin de ne pas surcharger l’image visuellement.
Absorbés par la présentation d’Ariane Daurat, les élèves lui ont ensuite posé de nombreuses questions sur son parcours et son métier. Ils ont cherché à en savoir plus sur la création des costumes pour Le Règne animal, les défis rencontrés pendant le tournage, ainsi que sur les aspects pratiques liés à la gestion des costumes. Enfin, plusieurs interrogations portaient sur les conseils à suivre pour se lancer dans cette profession.
Concernant Le Règne animal, Ariane Daurat a précisé qu’elle disposait d’un budget de 55 000 euros pour l’ensemble des costumes, ce qui incluait les costumes des doublures et les costumes de rechange. Interrogée sur l’impact de son César, elle a confié être ravie de cette reconnaissance, qu’elle considère comme un signal encourageant pour les costumes contemporains dans les films de genre. Selon elle, cette récompense montre que de nouvelles perspectives s’ouvrent et qu’il est désormais possible d’expérimenter davantage dans ce domaine. En ce qui concerne ses projets actuels, Ariane Daurat a expliqué qu’elle avait récemment travaillé sur le second film de David Roux et qu’elle était en début de préparation pour un court-métrage de Vanessa Filho.
Lorsqu’on lui a demandé son avis sur l’impact de l’intelligence artificielle dans le domaine des costumes, elle a répondu « J’ai la sensation que ce n’est pas encore acté. » Elle estime qu’à ce stage, l’intelligence artificielle n’a pas encore d’intérêt pour son métier, qui reste profondément ancré dans la créativité humaine.
Ariane Daurat a également partagé ce qu’elle apprécie le plus dans son travail : « C’est un métier qui me permet d’être sans cesse dans le renouveau […] et c’est ça qui est excitant. » Elle a ajouté : « Le costume, peu importe le projet, c’est toujours nouveau. »
Elle a également évoqué la charge de travail liée à son poste, précisant que les périodes de préparation durent souvent trois à quatre mois, suivies de plusieurs semaines de tournage. Par exemple, pour le film Émilia Pérez de Jacques Audiard, elle a travaillé quatre mois sur la préparation et trois mois sur le tournage. Ce rythme intense est généralement suivi de périodes de pause, sauf si elle enchaîne directement avec un nouveau projet.
Une élève lui a demandé quel conseil elle donnerait à quelqu’un souhaitant se lancer dans ce métier. Ariane Daurat a répondu : « Crois en toi, ne renonce pas et fonce. » Elle a affirmé que ce métier est tout à fait accessible et qu’il existe de nombreuses formations partout en France.
Elle a également partagé son expérience personnelle, en soulignant qu’elle est entrée dans ce milieu sans connaître personne. Elle a expliqué que beaucoup d’écoles disposent de réseaux internes et proposent des offres de stage pour débuter : « Tout passe par l’école. » Enfin, elle a tenu à rassurer les élèves sur leurs compétences : il n’est pas nécessaire de savoir dessiner pour réussir dans ce métier. Elle a confié qu’elle collabore souvent avec des dessinateurs pour élaborer les personnages.
Pour conclure la rencontre, Ariane Daurat a réservé une belle surprise aux élèves en leur présentant son César. Avec beaucoup d’enthousiasme, ils ont eu l’occasion de le tenir entre leurs mains et de se photographier avec, un moment à la fois joyeux et mémorable.
« J’ai passé un bon moment, ça m’a fait découvrir un autre aspect du cinéma que je ne connaissais pas du tout. » Lise M., élève de seconde
Crédit photo : Vincent Mottez pour l’Académie des César 2024
PRESSE
tv78 – 05/12/2024