70 élèves / 2nd / accompagnés par une professeure de français
Accompagné de deux de ses amis, également anciens élèves au lycée du Parc des Loges, l’auteur, compositeur et interprète Bénabar a fait son retour dans son ancien lycée d’Évry-Courcouronnes (91). L’artiste a accepté notre invitation et est revenu pousser les portes de l’établissement afin d’échanger avec soixante-dix élèves. Au cours de cette rencontre, Bénabar a partagé ses souvenirs, discuté de sa carrière dans les industries musicales, et évoqué certaines de ces œuvres, ainsi que son quotidien entrecoupé de concerts, de phases d’écriture et d’enregistrements. Ce fut également l’occasion pour l’artiste de répondre aux nombreuses questions des élèves, sur le milieu de la musique qui fascine, interroge et suscite la curiosité du jeune public.
Avant la rencontre dans le grand amphithéâtre du lycée, Bénabar a, en compagnie de ses amis d’enfance, revisité les lieux de son adolescence qui ont depuis bien changé. Entre deux photos avec des élèves et un autographe sur une pochette d’album d’un des professeurs – revendiqué fan n°1 de Bénabar – l’artiste a pu déambuler dans les couloirs aux murs repeints, et raviver de vieux souvenirs partagés avec ses amis. Puis vint l’heure de la rencontre avec les lycéens qui accueillirent Bénabar sous les applaudissements et avec une « standing ovation », déjà tous impatients d’échanger avec cet artiste populaire.
C’est sur un très beau texte rédigé par la professeure de français que la rencontre a été lancée. Sur un ton poétique et humoristique, Madame Cassier a fait un tour d’horizon du parcours de l’artiste, de ses œuvres emblématiques et de ses grands succès avant de laisser la parole à Bénabar, sous les applaudissements des élèves. « La jeunesse est devant vous, prête à échanger avec vous ». C’est donc dans la continuité du ton humoristique employé par l’enseignante, très en ligne avec la tonalité de ses chansons et de son propre état d’esprit, que l’artiste a pris le relais en s’adressant aux élèves. Les mains se levèrent très vite et les questions se sont enchaînées durant toute la rencontre. L’intérêt et la curiosité étaient palpables, les interrogations étaient diverses et variées, allant du passé de l’ancien élève au sein du lycée, en passant par le processus créatif d’un auteur-compositeur, jusqu’au fonctionnement de l’industrie musicale.
« Est-ce que vous avez apprécié le lycée ? parce que moi non … » a demandé le premier élève. Bénabar a répondu qu’il n’avait pas spécialement gardé un souvenir mémorable de cette partie de sa scolarité, mais qu’elle n’a pas pour autant “été une torture”. L’artiste a confié aux jeunes qu’il avait eu son Bac en étant un élève dit « moyen », ne se considérant pas comme un travailleur acharné, mais qui n’a pas vécu sa scolarité dans la douleur. Il a également répondu que personnellement, le cadre scolaire lui avait apporté beaucoup de choses positives notamment sur l’aspect relationnel qualifiant la période riche en rencontres, par les liens d’amitiés et les premiers amours qui s’y sont noués.
La question de la réussite dans le milieu musical lorsque “l’on sort de nulle part”, est très vite arrivée chez les élèves. Tout d’abord, Bénabar a insisté sur le fait que tous les parcours se valent, qu’il n’y a pas un chemin de vie qui mène vers la réussite professionnelle. L’artiste est alors retourné quelques années en arrière, en expliquant que son envie d’être compositeur et interprète s’est faite de manière assez empirique et progressive. Initialement, il souhaitait être scénariste, car il voulait raconter des histoires. Puis un jour, il s’est mis à écrire des musiques, et personne ne voulant chanter ses compositions, il a décidé de le faire lui-même. Il a donc commencé à faire ses premières représentations dans les bistrots, « un peu à l’ancienne ». Avant de donner sa première interview, il a raconté avoir fait plus de 300 concerts dans des bars. Son succès, il le doit donc à son public : « pour être un artiste reconnu, il faut mériter l’écoute du public ». Enfin, Bénabar a insisté sur l’importance de désacraliser ce milieu et de ne jamais se trahir en tant que personne, ni même trahir ses valeurs, « le fait de ne pas avoir eu de fantasmes par rapport à tout ça, ça m’a grandement facilité la vie ».
« Quelle chanson, que vous avez composée, compte le plus pour vous ? » a demandé une élève pour donner suite à la thématique autour de la réussite. Bénabar a marqué un temps de pause, et après une légère hésitation, a répondu qu’il était assez difficile de choisir, précisant que ce sont toujours les dernières chansons qui lui occupent le plus l’esprit. Selon l’artiste, c’est plutôt le répertoire qui importe. Ce qui compte pour lui, c’est de pouvoir écrire et d’avoir le privilège de mettre en musique ses états d’âme. « C’est une chance de pouvoir dire en musique ce qu’on a sur le cœur. » Il en a également profité pour rappeler aux élèves qu’un succès – du moins, une composition réussie – n’est pas le fruit du hasard et d’un déclic soudain. Il a pris l’exemple de son travail en expliquant que quand on compose un album, on part d’une vingtaine de musiques qui vont ensuite être triées, réécrites, corrigées, ou encore remixées. Une chanson qui devient un succès est donc le résultat d’un long processus de composition et ne résulte jamais d’un ingrédient magique, si ce n’est le travail et la persévérance.
Les élèves ont également questionné l’artiste sur le processus créatif et de composition, lui demandant s’il y avait des moments plus compliqués que d’autres. Comme dans n’importe quel métier, ce n’est jamais facile a confié Bénabar. L’artiste a expliqué aux élèves qu’il s’agit d’un travail permanent qui demande beaucoup de temps. Il a illustré son propos en indiquant que le métier d’auteur-compositeur est une profession que l’on peut qualifier d’artisanale : « on se met à son bureau, on s’assoit, on réfléchit, on essaye, on rate, on apprend, … ». Comme il le confiait plus tôt lors de son intervention, l’artiste a précisé que l’écriture d’une chanson ne se fait jamais dès le premier jet, le créateur doit constamment revenir sur ses compositions.
Un élève a également posé la question de la célébrité et des difficultés potentielles rencontrées lorsque l’on est une personne médiatisée. Bénabar a répondu que la célébrité n’était pas un aspect de sa vie qu’il trouvait compliqué, étant donné qu’il ne l’avait jamais fantasmée. Il a tout de même donné quelques conseils comme par exemple, savoir prendre de la distance avec cette médiatisation et faire en sorte qu’elle ne prenne pas trop de place dans son quotidien. “La célébrité ne doit jamais trahir qui nous sommes, nous faire changer d’amis, de personnalité ou de nature”. L’artiste a précisé qu’il y avait tout de même beaucoup d’aspects positifs quant à la célébrité. Elle amène avec elle beaucoup de privilèges dans la vie de tous les jours, et le fait d’avoir un public actif qui soutient les projets et qui est présent aux concerts, est un vrai moteur, un élément de motivation pour l’artiste. Bénabar a enchaîné en répondant à la question autour de l’entourage, face à la célébrité d’un proche. « La célébrité, ça bouscule pas mal l’entourage, car c’est une nouveauté qui fait partie de la vie de l’artiste, mais aussi de celle des proches et de la famille », a déclaré l’artiste. Il s’est confié sur l’inquiétude légitime de ses proches, car comme dans beaucoup de carrières, il arrive de se tromper ou à l’inverse, d’avoir des moments de grand succès. Dans tous les cas, il faut savoir prendre du recul, a-t-il conclu.
Enfin, les amis de Bénabar à la demande des élèves, ont clos l’échange avec les propos suivants : « Bruno, il a toujours fait marrer tout le monde au lycée », « C’était un jeune homme plein d’esprit, plein de mots toujours bien choisis. Il a toujours eu cet amour pour les mots. ». Pour le clap de fin, l’artiste s’est adressé aux élèves en leur disant qu’il existe des possibilités pour tous, et que chacun peut aller sur le chemin de ses rêves. Il faut juste savoir s’écouter et surtout, persévérer. C’est donc avec une émotion partagée que la rencontre a pris fin, sur les mots toujours bienveillants de Bénabar : « peut-être que demain, ce sera vous ».
Presse
BFM Île-de-France – 16 mars 2024