Arthur Goisset_© Caroline Sénécal, Charlotte Heulland, Natsumi Grandpierre, Elie Koaho ENS Louis Lumière pour l'Académie des César 2023
Arthur Goisset
Producteur
Collège Georges Brassens, Brie-Comte-Robert (77)
30 avril 2024
Je dois beaucoup, à beaucoup de gens. C’est aussi grâce à toutes ces rencontres que j’en suis là aujourd’hui.

50 élèves/ 3ème et 5ème / Une professeure documentaliste et référente culture et deux professeurs de lettres

Il y a bien longtemps qu’Arthur Goisset n’avait pas poussé les portes du collège. C’est avec joie que le producteur et César 2024 du Meilleur Film de Court-Métrage de Fiction, est revenu le mardi 30 avril sur les bancs du collège Georges Brassens de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne, dans lequel il était élève à l’adolescence. Sans aucune difficulté, l’artiste a très rapidement retrouvé ses repères au sein des murs d’un collège qui n’a pas changé avec le temps. Arthur Goisset a retrouvé des odeurs et des couleurs, faisant remonter beaucoup de souvenirs d’enfance. Après une visite des lieux guidée par les enseignants et un tour dans la cour de récréation, l’artiste a rencontré les élèves, impatients de lui poser toutes leurs questions.

Arthur Goisset a entamé la rencontre en se présentant et est revenu sur son enfance dans cette petite ville d’Île-de-France. Il a raconté avoir été scolarisé dans l’école primaire Moulin Fleuri – à deux pas du collège – que certains élèves connaissent bien, et avoir passé toute sa scolarité de collégien, de la 6ème à la 3ème, à “Georges Brassens”. Après le bac, le futur producteur est parti à Paris faire ses études dans la célèbre école de cinéma La FEMIS. Arthur Goisset a confié aux élèves que ces débuts à Paris furent un moment fondateur de sa vie d’artiste, témoin de ses premiers pas dans la formation des métiers de l’image et du cinéma. Un moment d’autant plus marquant qu’il y a rencontré des amis avec qui il a développé certains projets et travaille encore aujourd’hui.

Les élèves se sont demandé pourquoi et comment il était entré dans la production. L’artiste a raconté qu’il était entré en production, car il savait déjà qu’il voulait faire du cinéma et qu’il était “débrouillard”. Conscient d’avoir des compétences pour réaliser des films, mais n’ayant pas spécialement de talents artistiques comme écrire des histoires, imaginer des structures narratives, créer des images, il a alors cherché une profession plus technique et faisant appel à des capacités organisationnelles, de gestion. L’école de cinéma était selon lui un choix intéressant pour explorer les différents corps de métiers du secteur, une opportunité de rencontrer des profils variés, mais tous unis par une même passion, permettant de commencer la création de son réseau. C’est ainsi qu’Arthur Goisset a découvert ce métier de producteur dans lequel il s’épanouit maintenant depuis de nombreuses années.

L’artiste a ensuite profité de l’échange pour évoquer de manière plus concrète le métier de producteur, expliquant aux élèves que son rôle est d’identifier, de se rapprocher de personnes qui ont des histoires à raconter (les auteurs), et de les accompagner dans l’écriture puis la mise en images de ces histoires – « ce qui prend beaucoup de temps ». En quelque sorte, le producteur de cinéma est comme un chef d’équipe. Il décide de quels films il va accompagner en vue de leur concrétisation et s’occupe de trouver les ressources, notamment financières, pour le faire. Il est également le médiateur entre toutes les personnes investies dans la création audiovisuelle (scénaristes, réalisateur, acteurs, équipes techniques) – pour s’assurer que le film se fasse dans les meilleures conditions possibles.

En abordant le rôle du producteur, Arthur Goisset est également revenu sur le processus de réalisation d’une œuvre audiovisuelle ainsi que les différents rôles et corps de métiers qui s’assemblent pour donner vie à une histoire. De l’idéation de l’histoire, à l’écriture, au montage de la structure narrative de l’intrigue, en passant par la création et le développement des personnages. Il a évidemment évoqué le rôle central du scénariste, point de départ de l’existence d’un film. Pour un long métrage, la phase d’écriture, de développement peut prendre 2 ans, et pour un court métrage c’est plutôt deux trois mois dans l’idéal, a-t-il expliqué aux élèves, sans toutefois qu’il n’y ait de règle. Puis une fois le scénario écrit, le producteur a évoqué le travail de préparation durant lequel il faut trouver le bon réalisateur, les bons acteurs, puis la phase de la réalisation, la mise en images de l’histoire, puis le montage pour terminer de structurer le film. Une fois le film tourné et monté, il a expliqué aux élèves qu’arrive la partie distribution et diffusion du film. Les élèves ont ainsi pu découvrir un aperçu de la stratégie de lancement d’un court métrage ou d’un film, et de la manière dont les distributeurs arbitrent de l’arrivée des films en salles.

Arthur Goisset a également expliqué aux élèves qu’en tant que producteur, il travaille sur plusieurs films en même temps, évoquant le fait qu’une journée ne ressemble pas à la précédente et est une succession de tâches très différentes, passant d’un plateau de tournage, à un studio de montage, à des rendez-vous avec ses partenaires financiers, ou des auteurs. Il a présenté son métier comme très stimulant et enrichissant, permettant de rencontrer des gens aux expertises, parcours et profils très différents.

« Quelles peuvent être les difficultés rencontrées durant un tournage ? » a questionné une élève. « Quand on fait des films, il y aura toujours des problèmes », a répondu Arthur Goisset. Il y a toujours des choses qui ne se passent pas comme prévu et il faut sans cesse trouver des solutions, être réactif. L’artiste a donné comme exemple la météo changeante qui rend bien compliqués le montage et la cohérence entre les différentes scènes.

Enfin, les élèves se sont questionnés sur la rémunération d’un producteur de court métrage. Arthur Goisset a été honnête et exprimé que le court métrage ne rapportait généralement pas ou très peu d’argent.

Il s’agit plus de faire émerger des artistes ou nouveaux talents qui se dirigeront plus tard vers la réalisation de longs métrages que de se placer dans une logique économique rentable. Arthur Goisset a qualifié le court métrage de laboratoire expérimental, concluant « On ne fait pas du court métrage pour l’argent, mais par envie ».

Cette rencontre a été une expérience enrichissante et chaleureuse qui a permis aux collégiens d’acquérir une meilleure compréhension du monde du cinéma, et plus particulièrement du métier de producteur. Un métier méconnu et qui a suscité beaucoup de questions, et passionné les élèves.

Presse

La République de Seine-et-Marne – 12 mai 2024