50 élèves présents
accompagnés par 4 professeurs
Edmond Baudoin est né à Nice et a grandi dans la région. À l’époque, le collège Port Lympia était en fait un lycée et c’est à l’école du Port que les collégiens faisaient leurs classes. Edmond Baudoin explique d’ailleurs avec beaucoup d’amusement qu’il était « tellement bon à l’école » qu’après sa 6ème, il a été renvoyé au certificat d’études, qu’il a aussi mis quelque temps à passer. Il a par ailleurs arrêté l’école dès que possible, vers 15 ou 16 ans, pour passer un CAP de comptable.
Pendant près d’une heure et demie, les élèves de 3ème et des deux niveaux d’ULIS du collège ont été très attentifs à l’histoire et aux conseils de l’artiste, venu partager avec eux son parcours et sa vision du métier de dessinateur. En classe, ils avaient étudié deux de ses œuvres : Piero et Humains, la Roya est un fleuve.
Edmond Baudoin a entrepris d’expliquer avec beaucoup de passion qu’il a toujours dessiné, depuis tout petit, avec son frère, et qu’il n’y avait bien que ça qui l’intéressait, expliquant ainsi en partie sa relation difficile à l’école et la scolarité. Il raconte son enfance, très proche de son frère, dans cet album, Piero, qui narre la façon dont Edmond et « Piero » ont commencé le dessin dès leur plus tendre enfance, comme conséquence indirecte de la maladie de ce dernier. Par la suite, il a fallu faire un choix car les écoles d’Arts coûtaient cher et c’est l’enfant malade qui a eu la priorité sur Edmond, qui pouvait assumer une carrière plus « normale », et est devenu comptable. Le dessinateur explique qu’il vivait à travers son frère, et que si celui-ci devenait artiste c’était un peu comme si lui-même devenait artiste. Ses premiers amours l’ont finalement rattrapé et à près de quarante ans, Edmond a décidé de quitter son métier « sérieux » pour se consacrer à la vie d’artiste, de dessinateur.
Edmond a aussi tenu à partager avec les élèves une anecdote qu’il trouvait amusante : lui, le cancre, l’enfant de la région qui n’a jamais fait de grandes études, a beaucoup voyagé grâce à son métier de dessinateur, invité partout dans le monde pour discuter de ses œuvres…y compris en tant que professeur pendant 3 ans dans une grande université au Québec !
Les élèves se sont principalement intéressés aux inspirations d’Edmond, et en particulier la raison pour laquelle il ne dessinait qu’en noir et blanc. À lui d’expliquer qu’à cette époque, dans les années 40 (puisqu’il a maintenant 80 ans…ce qui a provoqué une vague d’étonnement chez les élèves !), il n’était pas forcément courant d’avoir des crayons de couleur, pour les familles les moins aisées. L’habitude lui est simplement restée. Quant à ses inspirations Edmond a expliqué qu’à l’époque les distractions étaient aussi moindres et finalement c’est de l’ennui que naissait l’imagination. Il fallait bien s’inventer des histoires puisqu’il n’y avait pas de téléviseurs, de tablettes ou autres pour se distraire « sans arrêt ».
Puis, le dessinateur a entrepris d’expliquer son art aux élèves grâce au tableau disponible et aux pinceaux qu’il avait pris soin d’apporter avec lui. Comment mettre de la vie dans un dessin, comment occuper un vide, comment une même scène (ou une même « vague » dans son exemple) est différemment perçue d’une personne à une autre, parmi tant d’autres explications et points de vue, qui ont donné à réfléchir aux élèves, curieux et absorbés par le discours du dessinateur.
En fin de rencontre, les élèves des deux niveaux d’ULIS avaient préparé quelques questions supplémentaires et ont interviewé Edmond Baudoin pour le média coopératif Ligne 16, grâce au travail de l’établissement avec l’association Le Hublot. L’artiste a aussi accepté de dédicacer quelques-unes de ses œuvres, pour les professeurs et le CDI, principalement. Deux jeunes filles ont aussi saisi l’opportunité d’interroger Edmond de manière plus intime, loin des oreilles de la cinquantaine d’élèves présents, et lui montrer leurs dessins, pour connaître son opinion mais aussi glaner quelques conseils pour, peut-être, les rendre plus « vivants »…