62 élèves de seconde et première / une professeure documentaliste, un professeur d’histoire et un professeur de lettres
En 2019, Sébastien Laudenbach était revenu dans son ancien lycée, le lycée Georges de la Tour, accompagné par le dispositif Un artiste à l’école. Désormais lauréat du César du Meilleur Film d’Animation 2024, le réalisateur a accepté avec enthousiasme de réitérer l’expérience dans le cadre du partenariat entre l’Académie des César et Un Artiste à l’école.
Plus d’une soixantaine de secondes et de premières se sont joints à cette rencontre. Une partie de ces lycéens avait travaillé sur Linda veut du poulet ! l’année précédente, en réalisant plusieurs critiques vidéo autour du film pour le Prix Jean Renoir. Les autres élèves ont pu le découvrir lors d’une projection en classe.
Afin d’ouvrir la discussion, Sébastien Laudenbach a évoqué ses souvenirs du lycée. Adolescent curieux, cette période a été pour lui un moment important de découvertes culturelles. Grand lecteur de bandes dessinées, il se passionne pour le dessin et songe déjà à en faire son métier. Il se rend également souvent au cinéma et commence le théâtre. Avec sa troupe, ils montent Songe d’une nuit d’été, avec des personnages incarnés par des marionnettes, pratique qui le fascine.
Après son lycée, il suit une année de fac, sans grande motivation. Ses parents, qui ont remarqué son attrait pour le dessin, le poussent à poursuivre des études artistiques. Après une année dans une école privée à Paris, il passe le concours d’entrée pour l’école des Arts Décoratifs, arrivant, lors de son entretien d’admission devant un jury, vêtu d’un costume créé par ses soins. Il est accepté.
Élu délégué de sa classe, il accompagne la création d’une section dédiée au cinéma d’animation aux Arts Décoratifs qu’il choisit ensuite de suivre. Pour son projet de fin d’étude, il souhaite s’affranchir de la discipline de préparation imposée par l’animation. Son film, réalisé d’une manière très libre, est repéré par un attaché de presse et par un distributeur, qui l’accompagnent en festival.
Depuis, Sébastien Laudenbach a toujours réussi à trouver du travail. « Je voulais dessiner et je dessine. » Sa pratique correspond à ce qui l’attirait adolescent, bien qu’il se soit éloigné de son intérêt pour la BD, notamment par son évolution dans sa recherche artistique. « J’ai développé une pratique du dessin qui est liée au flux et au mouvement. » Aujourd’hui, il enseigne également dans son ancienne école, aux Arts Décoratifs. Pour lui, il s’agit avant tout d’une rencontre et d’un partage avec les jeunes générations.
Sur son statut de réalisateur, Sébastien Laudenbach précise : « Je n’ai jamais imaginé être cinéaste (…) Ce n’est que très récemment que je me définis comme réalisateur. » C’est un métier difficile et peu lucratif. Selon lui, il faut être tenace et se faire confiance : « J’ai du mal avec la notion de talent, je préfère parler de désir (…) Il faut aller vers ses désirs, mais il faut travailler, faire les choses sérieusement. » Ce qui l’a amené à ce travail, c’est sa capacité à écouter ses désirs tout en restant ouvert aux opportunités qui s’offraient à lui.
« Mon chemin a été jalonné de rencontres, je n’ai jamais rien refusé, même si c’était un boulot pour lequel je ne me sentais pas légitime. Toute expérience est bonne à prendre. »
Concernant le César du Meilleur Film d’Animation reçu pour Linda veut du poulet !, coréalisé avec Chiara Malta, le réalisateur précise qu’à ses yeux, il ne s’agit pas d’une récompense, mais d’un signal attestant que le film a plu au public. Cela permet également de multiplier les rencontres, comme cette rencontre, ce qui est le plus important.
Concernant la création de Linda veut du poulet !, Sébastien Laudenbach et Chiara Malta avaient l’impression que les films pour enfants avaient tendance à être simplets et manquaient de mystères. Ils souhaitaient faire un film avec des personnages maladroits et sincères, qui parlent à tous. En abordant le thème de l’enfance, les deux cinéastes voulaient évoquer le rapport des jeunes face à l’injustice. L’enjeu était de réaliser ce film avec un budget limité pour ne pas être contraints dans leurs idées par leurs moyens de financement.
Les discussions avec leurs producteurs les ont tout de même aidés lorsqu’ils manquaient de recul sur le film. Sébastien Laudenbach a également évoqué la signification des couleurs dans Linda veut du poulet !, la création des décors, l’attention accordée au son et à la musique.
Sébastien Laudenbach en a profité pour expliquer aux élèves les différents leviers de financement en France et de la place du CNC, ainsi que la difficulté d’attendre qu’un projet se monte. Il précise qu’un film comme Linda veut du poulet ! ne rentre pas dans des standards formels et peut exister grâce à ce réseau de soutien au cinéma en France. La place de la recherche et de l’expérimentation est fondamentale pour le cinéma, comme pour toutes les formes d’art.
Une élève l’a interrogé sur son regard sur les plateformes de streaming comme Netflix. Le réalisateur a souligné le problème des algorithmes qui servent certains contenus, alors qu’un travail d’éditorialisation et d’accompagnement des œuvres présente un grand intérêt, comme le montrent la Cinetek et MUBI.
Interrogé sur ses inspirations et les œuvres qui l’ont marqué, le réalisateur précise : « J’ai vu des centaines, des milliers de films et il y en a encore qui me retournent la tête ». Il mentionne notamment Norman McLaren, Jacques Demy, L’argent de poche de François Truffaut, All that jazz de Bob Fosse (comme référence pour la musique de Linda veut du poulet !), La barbe à papa (Papermoon) et On s’fait la valise, docteur ? de Peter Bogdanovich.
« En regardant votre film d’animation et en réalisant ma critique, je me suis vraiment rendu compte que c’est ce que je voulais faire. » Eve, élève de première
Crédit photo : Vincent Mottez pour l’Académie des César 2024
PRESSE
Moselle TV – 19/12/2024
Le Républicain Lorrain – 19/12/2024
La Semaine – 19/12/2024
France Bleu – 18/12/2024
France Bleu (reportage radio) – 19/12/2024
France 3 Lorraine Nord – 19/12/2024