Niels Barletta
Niels Barletta
Chef mixeur son
Lycée Nicephore Niepce, Chalon-sur-Saône (71)
17 Janv.
« Un César à l'École est l'occasion de partager mon histoire avec les élèves du Lycée, à l'époque j'aurai adoré savoir que ce métier existe et que ce n'est pas une voie inaccessible. »

65 élèves de terminale et première en spécialité HLP, en classe préparatoire et en BTS CIEL (systèmes numériques) / une professeure documentaliste, une professeure de lettres

Dans le cadre du partenariat entre Un Artiste à l’école et l’Académie des César, plusieurs techniciens de l’équipe du Règne Animal ont participé au dispositif. Parmi eux, Niels Barletta, mixeur son, a accepté de revenir dans son ancien lycée, le lycée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône. Il y a rencontré une soixantaine d’élèves de Terminale et de Première, ainsi que des étudiants de prépa et de BTS.

Pour ouvrir cet échange, Niels Barletta est revenu sur son parcours. Plus jeune, il a fréquenté ce lycée pendant cinq ans, enchaînant sur une prépa après sa terminale. Cette formation, axée sur les métiers du son, a gagné en renommée ces dernières années, souligne-t-il. Aujourd’hui, il n’est pas rare que Niels croise d’anciens élèves de cette prépa dans son milieu professionnel. Ayant un attrait pour la musique, le cinéma et les sciences physiques, il a par la suite intégré le département son de l’école Louis Lumière. Une fois diplômé, il a rapidement commencé à travailler.

Affiche Le Règne animal

Après cette courte introduction, Niels a ensuite évoqué avec les élèves les étapes de fabrication d’un film et les différents postes qui composent l’équipe dédiée au son, prenant en exemple Le Règne Animal, l’un des projets sur lequel il a préféré travailler. Pour soutenir ses explications, il avait préparé une présentation. Sur le tournage du film, Fabrice Osinski était chargé de la prise de son. Raphaël Sohier et Matthieu Fichet se sont conjointement occupés du montage son, reproduisant de nombreux sons post-tournage, et Laure-Anne Darras a travaillé sur le montage parole. Sur le projet s’est ajouté le concepteur sonore Nicolas Becker, qui a notamment amené des chanteurs d’oiseaux comme coachs pour l’acteur de Fix, l’homme-oiseau. Grégory Vincent était bruiteur et a, par exemple, dû reproduire le son des ailes de Fix. Niels Barletta, quant à lui, est intervenu en bout de course en tant que mixeur son. Son rôle est de récupérer tous les sons, les hiérarchiser et les spatialiser afin de créer une harmonie globale et une sensation de naturel.

Niels Barletta a présenté des exemples d’auditoriums de mixage et de bruitage, lieux où il passe la plupart de son temps. Il ne se rend pas sur le tournage, car cela ne présente pas d’utilité pour lui, contrairement au monteur son. Un élève l’a interrogé sur les types de mixage qu’il doit prévoir pour un projet. Niels a précisé qu’il ne mixe que pour le cinéma, en 7.1, puis vient l’étape du « mastering » qui permet d’adapter aux normes TV ou DVD. 

En tant que mixeur son, Niels Barletta travaille de près avec les réalisateurs. Cette relation de travail varie d’un cinéaste à l’autre. Certains, comme Thomas Cailley, souhaitent être présents dans la salle de mixage en tout temps, d’autres préfèrent faire des allers-retours. Les discussions avec les réalisateurs pouvant prendre différentes formes, Niels Barletta préfère parler en termes d’intention et d’émotion plutôt qu’en termes de références techniques.

Un élève l’a interrogé sur sa fréquence de travail. Le mixeur a précisé qu’il était sous le régime de l’intermittence, dépendant donc de contrats temporaires. Une journée type d’un mixeur son se déroule de 9h à 18h, avec peu de pauses, surtout pendant les périodes intenses. Sa charge de travail est très variable d’un mois à l’autre. Il a généralement plus de projets avant Cannes, puis le rythme s’adoucit en été. Aujourd’hui, il travaille surtout sur des longs métrages, mais touche toujours parfois aux courts. Questionné sur la manière dont il trouve des projets, Niels Barletta a expliqué que cela se fait surtout sur recommandation ou contact.

Concernant la rapidité de travail, Niels a expliqué que cela varie d’un film à l’autre, et qu’il est parfois difficile d’anticiper les besoins et le temps à accorder à chaque séquence. Un long métrage représente généralement trois semaines de mixage son. Avec l’expérience, il sait quels aspects privilégier. Les longs métrages offrent un temps de travail plus confortable que les séries, pour lesquelles il est nécessaire de faire vite.

«  Ça donne très envie de continuer à travailler et, surtout, on se dit qu’on aura la chance de faire ça plus tard. C’est inspirant ! » – étudiante au Lycée Polyvalent Niépce-Balleure

Sur la question de la cohérence globale au sein de l’équipe son d’un film, Niels a expliqué que, pendant le mixage, le monteur son est régulièrement présent. Vers la fin du mixage, une projection pour l’équipe est prévue afin de récolter l’avis de chacun.

Pour cette rencontre, Niels Barletta avait amené sa session de mixage du Règne Animal. Il a fait écouter les différentes pistes audio aux élèves, en s’appuyant sur la séquence du film se déroulant au supermarché. C’est un ensemble de couches : le son ambiant et la musique des hauts-parleurs du supermarché, le brouhaha des figurants, les pas du personnage principal, etc. Concernant le premier élément sur lequel il travaille, il n’a pas de feuille de route prédéfinie. Il va commencer par ce qu’il juge central dans une séquence et construire autour (la musique, une action particulière, un dialogue).

Niels Barletta a également expliqué pourquoi il avait choisi le mixage parmi tous les postes liés au son. En arrivant à Louis Lumière, il a hésité entre plusieurs spécialisations. La position du son étant compliquée pendant le tournage, cette partie ne l’intéressait pas. Il préférait travailler à son rythme et être maître de son temps. Le montage son était une étape intéressante, mais il trouvait frustrant de ne pas voir la fin du processus. Il préférait donc intervenir à l’étape finale, au mixage.  

« Même si ce sont des métiers où il y a peu de place, c’est quand même possible d’y arriver avec la motivation, le travail et la persévérance» – Niels Barletta

Pour conclure ces deux heures d’échange, Niels Barletta avait apporté son César, offrant une belle surprise aux élèves qui se sont empressés de se passer de main en main le trophée. « Ça permet de ramener du concret dans ce qu’on va faire après », a déclaré un élève.

Crédit photo : Vincent Mottez pour l’Académie des César 2024

PRESSE :

France 3 Bourgogne-Franche-Comté – 17/01/2025

Info-Chalon – 18/01/2025

Le Journal de Saône-et-Loire – 22/01/2025