Marie Désert_© Vincent Baillais
Marie Désert
Artiste
Collège Georges Brassens, Brie-Comte-Robert (77)
23 mai 2024
J'aurais aimé pouvoir bénéficier d'un dispositif tel qu'Un Artiste à l'École étant lycéenne. À cet âge on se construit et rien de tel que d'entendre parler de métiers de la création par les créateurs eux-mêmes. Voilà pourquoi je souhaite partager mon expérience avec les personnes qui construiront l'à venir.

50 élèves/ 5ème / accompagnés par une professeure documentaliste et une professeure d’arts plastiques 

Marie Désert est la dernière artiste de la programmation de la 12ème édition du dispositif Un Artiste à l’École à intervenir. L’artiste plasticienne est retournée avec nous, à quelques semaines de la fin de l’année scolaire, au sein de son ancien collège, Georges Brassens, à Brie-Comte-Robert (77), pour y rencontrer une cinquantaine d’élèves de 5ème qui s’y étaient préparés avec leurs professeurs. Un retour aux sources émouvant pour l’artiste heureuse de redécouvrir les lieux de son adolescence et de déjeuner à la cantine, comme lorsqu’elle avait 14 ans. 

Marie Désert a introduit la rencontre en évoquant brièvement son parcours, et le fait qu’elle était intimidée d’être devant tous ces élèves, rappelant qu’elle avait été à leur place, il y a longtemps. Très vite, l’artiste a évoqué ses souvenirs de collégienne et notamment cette professeure d’arts plastiques, Madame Paul, déterminante dans son parcours, qui lui avait donné envie de poursuivre dans cette voie.

Définissant son parcours comme atypique, Marie Désert, bachelière à 38 ans après avoir été maman à 18 ans, a eu, ce qu’on pourrait qualifier de plusieurs vies, découvrant en réalité assez tard qu’elle pouvait vivre en tant qu’artiste. La jeune femme a d’abord fait une école de communication visuelle pour faire de l’art visuel – qui peut être défini comme de l’art “utile” selon ses mots. Elle a aussi passé des diplômes d’art-thérapie, de comédienne de voix pour les doublages, et se forme au théâtre depuis très récemment. Elle a également animé des ateliers de peinture pour des enfants et été professeure d’arts plastiques au collège durant deux ans. Elle a raconté aux élèves que c’était le fruit de ces diverses rencontres, dans ses diverses vies, qui l’ont menée petit à petit à créer son réseau et à s’imposer en tant qu’artiste plasticienne. L’artiste a ainsi eu une vie riche et variée avec un fil rouge constant : l’art.

La première question des élèves a porté sur sa définition de l’art et ce que cela signifiait pour elle. « L’art est une liberté d’expression, un langage et un moyen de communiquer avec les autres » a répondu Marie Désert. Il s’agit de quelque chose d’éminemment vital pour elle, qui donne un sens à sa vie et lui permet de se lever chaque matin en se sentant à sa place.

Les collégiens l’ont également questionnée sur ses sources d’inspiration. « Ma principale source d’inspiration est l’ordinaire. J’aime les moments qui paraissent anodins pour en faire une œuvre d’art » a-t-elle répondu avec beaucoup de pédagogie. Marie Désert a alors expliqué que de manière générale, elle est particulièrement inspirée par les moments de vie simples, un rayon de lumière qui traverse un verre, par exemple. Elle a d’ailleurs dit que ce qu’elle recherchait particulièrement dans l’art, c’était la vibration et la lumière. Ce qu’elle aime, c’est sentir de la vie dans la peinture, du mouvement, le but n’étant pas forcément de retranscrire la réalité dans les teintes de couleurs, etc. 

Le principal est que l’œuvre d’art évoque des émotions chez le spectateur, un sentiment de vie. A titre personnel, elle a raconté aux élèves que les œuvres qu’elle préférait, étaient celles qui résonnaient le plus en elle et qui lui provoquaient des émotions fortes. 

Pour illustrer ses propos concernant l’importance des couleurs, des jeux de lumières et son rapport à la peinture, Marie Désert avait apporté avec elle quelques toiles qu’elle a réalisées. L’artiste a décrit ses peintures aux élèves, des éléments visuels, l’ambiance, en passant par les couleurs ou encore les techniques utilisées pour réaliser l’œuvre d’art.

« Avez-vous pensé à changer de métier ? » a ensuite demandé une élève. « Plein, plein de fois ! » a avoué Marie Désert. L’artiste a raconté qu’il n’est pas facile de tenir le cap car il faut tout de même avoir un gros ego – ce qui n’est pas son cas – et faire confiance en son travail sur le long terme. Elle s’est déjà essayée à d’autres métiers, comme professeure, travailler pour des décors de films, mais il lui manquait quelque chose, et tôt ou tard, elle revenait toujours à l’art brut. 

Marie Désert a profité de cette question pour évoquer une coupure avec la peinture qu’elle avait eue au cours de son parcours en tant qu’artiste. Elle ne savait plus quoi peindre et pourquoi peindre. Elle s’est alors souvenue que la peinture est un langage. L’artiste s’est donc tournée vers le cinéma – un autre moyen de communication – pour s’inspirer et relancer son processus créatif. Grâce au cinéma, Marie Désert a dit avoir retrouvé le goût et l’envie de peindre grâce à des scènes qui l’ont touchée, qui lui ont « parlé ».

« Est-ce que c’est compliqué de devenir artiste professionnelle ? » Oui, a avoué l’artiste plasticienne. Cela demande beaucoup d’efforts d’être artiste professionnelle, d’en vivre, car c’est un métier où il faut savoir tout faire : parler de son travail, communiquer, gérer l’aspect financier, créer, s’accrocher. Mais paradoxalement, c’est un métier qui vient du cœur, a insisté l’artiste, il est donc plus simple, selon elle, de se lever le matin pour réaliser ses rêves et nourrir cette passion.

Enfin, Marie Désert a conclut sur les questions de temporalité lorsque l’on est artiste. En effet, la durée en art est quelque chose de pas évident à décrire. Plus on s’entraîne et plus vite on peint, plus on est “efficace”. C’est un apprentissage. Mais il y a toujours des peintures, des œuvres sur lesquelles il faut repasser constamment. L’artiste a avoué aux élèves qu’il lui arrivait encore de revenir sur des peintures des années après. Et, a-t-elle précisé, ce n’est pas grave !

En deux heures, l’artiste a transmis aux élèves, curieux et impliqués, une vision essentielle et assez pragmatique, concrète de son métier d’artiste et de son quotidien, leur permettant, espérons-le, d’ouvrir leurs horizons, et peut-être d’imaginer de nouvelles voies.