Hervé Hadmar
Scénariste et réalisateur
Collège Les Hyverneaux, Lesigny (77)
17 nov.
"Au delà du flashback personnel et de la très belle idée de la transmission, j’aimerais que ces rencontres disent combien la création, qu’elle que soit le talent de celle ou de celui par lequel elle s’exprime, passe par le travail. Nos moyens d’expressions s’épanouissent ainsi par l’apprentissage d’un métier; par un voyage intérieur fait de réussites, d’erreurs, de doutes et de grandes joies. Nous sommes donc des artisans qui acquièrent petit à petit un savoir faire."

60 élèves : deux classes de 4e du programme Collège au cinéma » accompagnées par deux professeurs de français et une professeure documentaliste

Au collège Les Hyverneaux de Lésigny, Hervé Hadmar est revenu sur les traces de son adolescence. Ancien élève de l’établissement dans les années 70, il a replongé dans ses souvenirs marqués par une amitié fondatrice : sa rencontre, en classe de cinquième, avec un camarade passionné de dessin lors d’un cours d’arts plastiques. Cette rencontre a ouvert son imaginaire et l’a encouragé à raconter ses premières histoires en bande dessinée.

Accompagné de la proviseure, Madame Snakkers, et de la professeure documentaliste, Madame Marlaud, le réalisateur a redécouvert son ancien collège, resté presque inchangé, avant d’aller à la rencontre d’une soixantaine d’élèves de quatrième séparés en deux groupes, avec qui il a échangé pendant deux heures.

Dès son arrivée face au premier groupe, il a mis les élèves à l’aise :
« Vous préférez qu’on s’installe assis ou debout ? D’accord, assis alors. Qui va oser poser la première question ? Ce n’est pas toujours évident d’être le premier… Bon, je vais peut-être commencer par vous parler de mon parcours. »

Hervé Hadmar a raconté avoir été, selon ses propres mots, « un mauvais élève », ou plutôt un rêveur qui préférait dessiner au fond de la classe. Après le bac, il poursuit des études artistiques à Paris où il pratique la peinture, le dessin et la photographie. Ces disciplines nourrissent sa créativité et l’encouragent à envisager une carrière dans l’image.

Après quelques années dans la publicité, il investit toutes ses économies dans la réalisation de son premier court-métrage. À cette époque, le numérique n’est pas développé : le matériel est lourd, coûteux. Le film rencontre pourtant un certain succès et est même diffusé sur Canal+. « C’est là que j’ai compris que c’était peut-être possible d’en faire mon métier », confie-t-il.

Aujourd’hui, après plus de vingt ans de carrière et près d’une dizaine de séries réalisées, son métier l’anime toujours.

 « J’ai fait de nombreux projets, mais je continue tous les jours à apprendre et à me poser des questions. Est-ce que c’est la bonne histoire ? Est-ce que je la raconte bien ? Apprendre, c’est être vivant. »

Ensuite, l’échange a démarré. Un premier élève commence par demander en quoi consiste concrètement le métier de réalisateur. Hervé Hadmar détaille alors son quotidien, du choix de positionnement des caméras en prenant l’exemple de la salle de classe, du déroulé des répétitions, au maintien d’un bon environnement de travail. « Une équipe de tournage, c’est des relations humaines : avant le tournage on se raconte nos vies, on mange ensemble… C’est comme vous en classe, on sait rapidement avec qui on va s’entendre et on fait en sorte que tout se passe pour le mieux. » 

Pour rendre plus concret son travail, il leur a montré un plan de travail utilisé sur un de ses projets. Il a expliqué que, en tant que réalisateur, il doit faire des centaines de choix, mais ces contraintes peuvent, paradoxalement, aider à clarifier une vision artistique.

Hervé Hadmar a souligné aussi l’exigence personnelle de son métier : des tournages parfois très longs qui l’éloignent de sa famille. Un projet doit donc, pour lui, avoir une véritable valeur humaine. Il doit s’entendre avec son équipe.

Les élèves l’ont également questionné sur les budgets de ses séries et son salaire. Hervé a évoqué notamment la série Notre-Dame, la part du feu, une commande Netflix dont le budget considérable a permis de reconstituer des parties de la cathédrale et de reproduire l’incendie en studio. Plus de 500 personnes ont travaillé sur le projet. Quant à son salaire, il a expliqué qu’il varie selon les projets. Oui, il gagne très bien sa vie, mais il rappelle aussi que l’argent achète du temps et la liberté de créer : « Je peux gagner une somme importante puis passer plusieurs mois à écrire, à chercher l’inspiration… Et je travaille sur beaucoup de projets qui n’aboutissent pas toujours. ». Il a ensuite rebondi sur la question de la créativité :

 « Ma plus grande influence, au-delà des films, c’est la vie. Une idée peut naître d’un moment passé avec vous, d’une balade, voire même d’un trajet de métro… Ce métier, c’est essayer de comprendre qui l’on est et le monde dans lequel on vit. »

Hervé Hadmar a présenté quelques-uns de ses projets passés, comme Romance, Les témoins ou encore Notre-Dame, la part du feu, puis a évoqué ses envies futures, dont un film se déroulant… sur la Lune. L’échange s’est conclu sur une note plus légère lorsque les élèves lui ont demandé d’imaginer une histoire sur-le-champ. Il s’est exécuté avec humour, inventant la situation d’un élève se mettant à… vomir des fourchettes au lieu de parler, provoquant rires et étonnement. Avant de quitter le collège, Hervé Hadmar a rappelé qu’il croit profondément en la capacité de chacun à imaginer et créer. Une rencontre marquante pour les élèves, motivante et ouverte sur de nouveaux possibles.

Presse 

Le Parisien 18 novembre 2025

La République de Seine-et-Marne – 24 novembre 2025