
70 élèves de seconde accompagnés par leur professeure de français et leur professeure d’espagnol.
Dans l’amphithéâtre du lycée du Parc des Loges, Florence Levillain a rencontré 70 élèves de seconde. Après quelques mots d’introduction touchants de Madame Cassier, professeure de français, la photographe a présenté son parcours et ses divers projets, avant de répondre aux nombreuses questions d’un public curieux et enthousiaste.
Originaire d’Évry-Courcouronnes, où elle a effectué toute sa scolarité, Florence Levillain a partagé avec tendresse ses souvenirs de lycée. Elle a notamment évoqué son amitié avec Bruno Nicolini (alias Bénabar) et Alban, avec qui elle est toujours en contact. Sans en avoir conscience à l’époque, chacun d’eux découvrait une passion qui allait progressivement devenir son métier : la photographie pour Florence Levillain, la musique pour Bruno Nicolini et le sport pour Alban.
« Ne vous posez pas la question de ce que vous allez devenir, mais demandez-vous ce que vous voulez faire. »


Son intérêt pour la photographie est né d’un hasard. Convoquée chez le proviseur pour une bêtise en cours de physique-chimie, elle a spontanément proposé de créer un club photo pour rendre la matière plus intéressante. Le proviseur a accepté, le projet a pris forme et elle a dû apprendre à prendre des photos. Sans ambition initiale de devenir photographe, elle s’est prise au jeu et a participé à un concours dans l’Essonne, remportant le premier prix. L’idée d’en faire son métier ne lui est venue que plus tard, alors qu’elle étudiait en faculté d’art. Elle s’est alors réorientée en école de photographie et, à la suite d’un stage dans un laboratoire, elle y a décroché une alternance qui l’a formée au métier.
Après sa formation, Florence Levillain est partie voyager en Ukraine et a, pour la première fois, vendu son travail à la presse. En attendant de vivre pleinement de ses projets personnels et de commandes, elle a travaillé pour divers médias et occupé des emplois alimentaires.
« Dans ma famille, on me demandait : quand est-ce que tu vas faire un vrai métier ? »
Florence Levillain avait préparé une présentation de ses projets et en a dévoilé les coulisses. Elle a notamment évoqué sa série « Bains publics » (2017), consacrée aux bains publics parisiens, qui lui a permis de se faire connaître.
Elle a également présenté « Nébuleuse » (2021), réalisée pendant le confinement avec sa fille. Cette série met en scène un monde où l’on est contraint de vivre sous bulle, isolé, tout en abordant la thématique de l’écologie. Ce travail lui a valu une commande du ministère de la Culture, pilotée par la BnF, visant à dresser un état des lieux de la France après le confinement. Elle s’est intéressée aux conséquences psychiatriques de la crise sanitaire sur les adolescents du Centre intersectoriel d’accueil pour adolescents, donnant naissance à la série « Adolescents, une crise, des crises » (2022).
La même année, elle a réalisé une commande pour EDF, « H20=W », qui l’a amenée pendant six mois à la rencontre des travailleurs et travailleuses des barrages et centrales hydroélectriques. Elle a partagé avec les élèves des images impressionnantes prises dans des turbines sous la mer et sous des barrages, ajoutant : « Je vis des trucs complètement incroyables ».
Plus récemment, en 2024, elle a documenté pour les trente ans du Samusocial de Paris une commande visant à mieux faire connaître le service. Elle a raconté son travail auprès du personnel et des bénéficiaires qui ont accepté d’être photographiés.
Florence Levillain a insisté sur le fait qu’au-delà de ses commandes, elle vit aujourd’hui de ses projets personnels, dont elle choisit les sujets et finance elle-même la production : « Je continue à faire des choses qui me plaisent qu’à moi ». Elle a notamment évoqué « Au pied de la lettre » (2022), une série consacrée aux expressions françaises. Présentant ses photographies aux élèves, elle les a invités à deviner les expressions illustrées.


Face aux nombreuses questions sur son métier, elle a expliqué ses techniques photographiques, notamment pour créer des effets d’optique sans recourir à des logiciels comme Photoshop. Elle a aussi souligné qu’un bon cliché ne dépend pas du matériel, qu’il s’agisse d’un appareil professionnel ou d’un smartphone, mais du regard du photographe. Ce regard, selon elle, s’affine avec l’observation, en étudiant des peintures, des films et des dessins. Au fil de la discussion, elle a partagé sa vision de la photographie : il n’est pas nécessaire de voyager loin pour être émerveillé. « Des sujets, on en a en bas de chez nous. […] La photo, c’est voir notre quotidien, mais différemment. »
« Mon plus beau rêve, c’est de toujours continuer à m’émerveiller de ce qui m’entoure. »
Interrogée sur ses influences, elle a choisi de citer exclusivement des femmes : Jane Evelyn Atwood, Sabine Weiss et Claudine Doury. Elle a insisté sur la sous-représentation des femmes dans la photographie, particulièrement des mères de cinquante ans comme elle, et sur la nécessité de se battre pour exister dans ce milieu, mais pas seulement.
Elle a également expliqué que le métier de photographe indépendante exige une grande détermination et une forte capacité d’adaptation pour naviguer entre différents univers. En tant que femme, elle a parfois été confrontée à des réticences de la part de certaines personnes photographiées.
« Il faut une très forte adaptabilité dans ce métier. »
Elle a ajouté que ce travail demande un investissement considérable, précisant qu’elle n’a pas vraiment pris de vacances ni de week-end depuis bientôt sept ans. Actuellement, avec trois expositions en préparation et de nombreuses idées en tête, elle aspire néanmoins à ralentir un peu.

PRESSE
Actu Essonne – 14/03/2025