Cédric Kahn
Scénariste, réalisateur, comédien
Cité scolaire François-Jean Armorin, Crest (26)
3 Fév.
« Je reviens à Armorin parce que tout ce qui me relie à mon enfance et à mon adolescence et aux rêves et aux espoirs que je nourrissais à cet époque m’émeut profondément et m’habite encore. Et que cette période de ma vie a nourri beaucoup de mes films. »

105 élèves : une classe de troisième et trois classes de seconde encadrées par trois professeurs de français.

Près de quarante ans après sa scolarité, Cédric Kahn est retourné à la Cité scolaire François-Jean Armorin de Crest, où il a étudié de la sixième à la terminale.

Dans cet établissement, en partie rénové depuis depuis son passage, il a d’abord rencontré les élèves de cinquième et de sixième du club radio. Ce club diffuse ses émissions sur la Radio Saint Ferréol, une radio locale associative qui existait déjà à l’époque où Cédric Kahn était élève. Il en a fait partie au lycée et, avec une camarade, il avait créé une émission consacrée au cinéma, où ils critiquaient des films chaque semaine. Les élèves du club ont mené une interview de Cédric Kahn, l’interrogeant sur ses souvenirs d’école, son parcours, ses métiers et le cinéma. Après cet échange enregistré, il leur a accordé un temps de discussion hors micro, durant lequel les élèves, avec spontanéité et enthousiasme, lui ont posé de nombreuses autres questions.

« Je ne sais pas dire pourquoi je fais des films, parce qu’il y a toujours une part d’inconscient dans le fait d’être attiré par une histoire. »

Par la suite, Cédric Kahn a échangé pendant deux heures avec une centaine d’élèves de troisième et de seconde. Il leur a raconté comment son envie de faire des films s’était nourrie des nombreuses séances de cinéma auxquelles il assistait durant ses années de lycée, grâce à un pass gratuit obtenu en animant l’émission cinéma du club radio. Craignant de ne pas réussir, il a gardé ce rêve de cinéma pour lui et, après le bac, est parti à Paris pour des études de lettres. Peu à peu, il a accumulé des expériences dans le cinéma, notamment comme stagiaire monteur. Écrivant des scénarios, il explique n’avoir eu aucun complexe à aller vers les autres, à leur faire lire ses textes et à communiquer ses envies.

Très vite, il a trouvé un producteur et rencontré des personnes encourageantes, qui l’ont aidé dans son parcours.

Les élèves se sont beaucoup interrogés sur l’influence de ses origines crestoises sur son parcours et son travail. Cédric Kahn leur a répondu que venir de la Drôme ne l’avait ni pénalisé ni avantagé. N’ayant eu aucun contact dans le milieu du cinéma, il estime toutefois avoir eu beaucoup de chance, car cela ne l’a pas empêché de débuter rapidement sa carrière : il a commencé à travailler à 19 ans et a réalisé son premier film à 24 ans. Ses origines restent néanmoins présentes dans son parcours, notamment à travers ses deux premiers films sur l’adolescence en province, inspirés de sa jeunesse à Crest. Elles influencent aussi son rapport aux autres : « Toute ma vie, je me sens provincial. Je sens que je viens d’ailleurs. Quand je vois des gens qui ont été élevés et qui ont grandi à Paris, je me sens très différent d’eux ».

Cédric Kahn a ensuite expliqué aux élèves les différentes étapes de fabrication d’un film, son coût et le rôle de la promotion. Il a détaillé le travail du réalisateur, présent tout au long du projet : de l’idée initiale à l’écriture du scénario, en passant par le choix des acteurs et de l’équipe technique, la direction du tournage, le montage et la promotion. Il a également souligné la distinction entre le rôle du producteur et celui du réalisateur : « Dans un film, il y a deux patrons : un patron financier et un patron artistique. Le patron financier, c’est le producteur, et le patron artistique, c’est le réalisateur ».

À la question d’un élève sur le message qu’il cherche à transmettre à travers ses films, Cédric Kahn a expliqué qu’il ne vise pas à faire passer un message moral ou social. « Moi, je vise toujours un message émotionnel. Ce qui m’intéresse, c’est d’accéder à une certaine intimité des personnages. (…) le cinéma est un super outil pour accéder à l’intimité des personnes. »

Il a ajouté que parfois, son travail peut porter une dimension politique : « Je pense que tout est politique. Je pense que la façon dont on vit, c’est politique. Je pense qu’on a chacun une morale et une façon d’envisager la vie. Et je pense que la façon dont on fait des films, c’est aussi politique, comme tout le reste ».

 

« J’ai toujours aimé la création de films, et avoir un réalisateur qui vient en personne dans notre lycée, c’est énorme. Ça n’arrive pas souvent, et je trouve qu’on a vraiment beaucoup de chance. Pour moi, c’est une partie de ma vie qui s’est accomplie, c’est spécial. » – Andrew, élève de seconde

Une grande partie de l’échange a porté sur son film Vie Sauvage, que les élèves avaient vu en amont de la rencontre lors d’une séance de cinéma organisée spécialement pour eux. Cédric Kahn a répondu à leurs nombreuses questions sur cette histoire inspirée d’un fait réel, relatant la cavale d’un père et de ses deux enfants. Ce sujet, largement médiatisé à l’époque, a suscité la curiosité des élèves. Le réalisateur leur a expliqué comment il avait travaillé avec les membres de la famille avant le tournage afin de recueillir leurs différents points de vue. Il a également évoqué sa relation avec les deux garçons, devenus aujourd’hui adultes, avec qui il a noué une amitié et qui l’ont accompagné dans la promotion du film.
Contrairement à ce que certains élèves ont pu comprendre, Cédric Kahn a insisté sur le fait que son intention n’était pas de prendre parti pour l’un des deux parents, mais de se placer du point de vue des enfants et de s’intéresser à leur souffrance. Il a souhaité soulever des questions autour de la vie en marge de la société, de la relation entre père et mère et du libre arbitre. Tout en partageant des anecdotes, il a également évoqué avec les élèves le choix des acteurs et les difficultés du tournage.

Enfin, interrogé sur les conseils qu’il donnerait à ceux qui souhaitent travailler dans le cinéma, Cédric Kahn a répondu : « Moi, je n’ai écouté aucun conseil. Je n’ai pas écouté les conseils des gens qui m’ont dit « ça va être difficile » ; « il n’y a pas de travail » ; « tu vas te casser la gueule. (…) Écoutez vos envies, vivez vos passions ».

PRESSE

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