44 élèves de 3ème
2 professeures de français et 1 professeure documentaliste
La comédienne Ariane Ascaride a fait un retour remarqué dans les couloirs de son ancien lycée Anatole France à Marseille, aujourd’hui transformé en un collège.
Afin d’introduire la rencontre, Ariane Ascaride a abordé les élèves avec une question incisive : « Allez-vous au cinéma ? » « Pas souvent » a répondu l’un d’entre eux. Puis afin d’explorer plus en profondeur leur rapport au cinéma français : « Allez-vous voir des films français ? » De l’assemblée un peu gênée est sortie une réponse franche de la part d’un élève qui a avoué n’avoir pas vu de film français au cinéma depuis plus d’un an, mis à part “son film” à savoir Les Neiges du Kilimandjaro, vu en classe. Armée de sa passion pour le septième art, Ariane Ascaride a alors embrassé le rôle de promotrice du cinéma français, incitant les élèves à préserver, soutenir et à s’intéresser davantage au patrimoine cinématographique français.
Ariane Ascaride a ensuite cédé la parole aux élèves, qui avaient pu découvrir en classe son parcours, sa carrière, et visionné le film Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian, et qui, bien préparés en amont avaient une multitude de questions à lui poser.
Les élèves ont amorcé l’échange avec l’artiste en demandant à la comédienne de revenir sur son parcours. En effet, née d’un père fervent amateur de théâtre, elle a suivi des études de sociologie à Aix-en-Provence, avant de les poursuivre à la Sorbonne, puis de réussir brillamment son concours d’entrée au Conservatoire d’art dramatique de Paris.
Après l’avoir questionnée sur son personnage dans Les Neiges du Kilimandjaro ainsi que sur l’ensemble de sa carrière, incluant son meilleur et son pire souvenir de tournage, ou le rôle qu’elle a préféré interpréter, les élèves ont cherché à connaître les motivations de l’actrice à participer au dispositif Un Artiste à l’École. Ariane Ascaride a alors souligné l’importance cruciale de l’échange et de la parole, particulièrement dans une ère numérique qu’elle juge étouffante.
Les jeunes, profondément attachés à leur ville, ont interrogé l’actrice sur ses préférences entre le Marseille d’antan et celui d’aujourd’hui. Sa réponse a été empreinte d’une vision optimiste, affirmant que Marseille allait mieux et offrait une meilleure qualité de vie. Cependant, malgré le fait que la ville soit devenue « à la mode », elle ressent une certaine nostalgie pour le Marseille de son enfance, avec ses moments d’ennui, d’intérêt et d’apprentissage…
Ariane Ascaride a ensuite partagé avec les élèves les spécificités du travail au théâtre et au cinéma, évoqué des aspects plus techniques (le travelling, le plan séquence et le champ-contrechamp), les particularités des métiers artistiques et notamment éclairé le fonctionnement du statut d’intermittent du spectacle. Les jeunes ont également posé à la comédienne des questions plus personnelles, curieux, par exemple, de savoir comment elle parvient à ignorer les caméras lors des tournages, son expérience de collaboration avec son mari, Robert Guédiguian, ainsi que la façon dont elle exprime des émotions qui semblent authentiques à l’écran. Face à ces interrogations, Ariane Ascaride a répondu avec sincérité, expliquant que le métier requiert une concentration et des compétences techniques solides, ainsi qu’une certaine capacité d’adaptation.
A la question « Quel est votre plus grand rêve ? », Ariane Ascaride a répondu : « Je suis bien au-delà des rêves que j’avais lorsque j’avais votre âge. Je n’aurais jamais imaginé arriver là où je suis aujourd’hui. » Elle a ensuite précisé que son plus grand rêve n’était pas de jouer aux États-Unis malgré l’ampleur de l’industrie cinématographique du pays, mais de continuer à jouer jusqu’à la fin de ses jours voire, pourquoi pas, de mourir sur scène !
En conclusion de cette rencontre, une élève a posé une question percutante à l’actrice : avait-elle déjà été confrontée à du sexisme ou à de la discrimination dans l’industrie cinématographique ? L’actrice a répondu en prononçant un discours empreint de sororité et engagé en faveur de l’égalité femmes/hommes, confirmant que pratiquement toutes les femmes de l’industrie en ont déjà été victimes.
Ariane Ascaride a clôt la rencontre en encourageant les élèves à entreprendre dans ce qui leur plaît, en soulignant que les choses ne sont pas figées dès le départ. Elle a rappelé qu’il n’y a pas de destin tout tracé, mais plutôt une nécessité de travailler pour atteindre ses objectifs, injustement plus conséquente lorsque l’on vient d’un milieu modeste.
