90 élèves présents
accompagnés par 4 professeurs
Annick Cojean a accepté l’invitation d’Un Artiste à l’École à revenir dans son ancien lycée, Notre Dame du Mur, à Morlaix. Le lycée ayant déménagé dans les locaux actuels il y a maintenant 8 ans, Annick ne reconnaît évidemment pas grand-chose des lieux. Elle se prête cependant volontiers au jeu des souvenirs et compare les nouveaux locaux avec ceux qu’elle a connus, qui sont désormais une maison de retraite de luxe. Elle est d’ailleurs assez impressionnée des infrastructures disponibles pour les jeunes (« hallucinée », même, selon ses propres mots). À l’époque, explique-t-elle, ils n’avaient pas tout ça pour se projeter, pour rêver.
Après des études de Droit puis Sciences Po, son rêve de journalisme qui la suit depuis le lycée et qu’elle n’osait évoquer à l’époque la rattrape et elle décide de postuler pour un stage au journal Le Monde. Malgré le fait qu’elle n’avait pas fait d’études de journalisme, elle avait cependant à son actif plusieurs articles, dont la série d’articles de son voyage aux USA, qu’elle avait publiée à l’époque dans le Télégramme de Brest. Stratégie gagnante puisque Annick décroche le stage rêvé au Monde…qu’elle ne quittera presque plus ! Enthousiaste et débordante d’énergie, Annick Cojean explique que ce sont ces qualités, complétées par un peu de chance évidemment, qui l’ont amenée là où elle est aujourd’hui. Le message qu’elle veut passer aux élèves est clair : quand on a des rêves et des envies, il ne faut jamais se laisser dissuader ! Celle qui est désormais grand reporter et autrice reconnue le sait d’ailleurs bien, puisqu’on l’avait mise en garde contre une telle carrière, le journalisme étant un secteur « bouché », se rappelle-t-elle.
À travers les différentes questions des élèves, sur son parcours mais aussi ses expériences marquantes ou ses rêves désormais, Annick a été généreuse en anecdotes et histoires avec les élèves. Elle a partagé les nombreuses personnalités qu’elle a pu interviewer, de Gorbatchev à Lady Diana, en passant par Patti Smith et Joan Baez, deux héroïnes de son enfance. Elle explique aussi que désormais, et même si elle a déjà « un peu » entamé ce travail, il lui tient à cœur de mettre les femmes en avant, dans son travail. Depuis son enfance, déjà, l’absence des femmes dans les livres d’Histoire l’intrigue. Elle se souvient avoir interrogé des professeurs à ce sujet et avoir eu le sentiment qu ‘ “on ne nous racontait pas la VRAIE Histoire”.
Quant à la question classique « qu’aimez-vous le plus dans votre métier ? », Annick n’hésite pas une seconde. Elle n’a jamais regardé l’heure une seule fois dans son travail, elle ne s’y ennuie jamais. Et puis le journalisme, pour elle, c’est un choix de vie, une façon d’être…pas réellement un travail ! Ça ne s’arrête jamais et c’est par-dessus tout un métier utile. Il y a ceux qui couvrent les conflits, ceux qui suivent la justice, ceux qui questionnent la société ou les pouvoirs en place, ceux qui nous protègent des « fake news » en les détectant, ceux qui racontent les gens, etc. Tous les journalistes sont utiles et « être journaliste c’est être au monde. »
L’énergie et la passion communicative d’Annick Cojean pour son métier se sont fait ressentir dans l’assistance, et après près de 2h de rencontre, la plupart des lycéens en redemandaient ! Une bonne douzaine d’entre eux sont même allés glaner quelques conseils supplémentaires et échanger encore un peu avec la grand reporter à la fin de la rencontre sur leurs envies et leurs rêves.